Affaire Tunisair : les coupables doivent être sanctionnés avec vigueur

Affaire Tunisair : les coupables doivent être sanctionnés avec vigueur

 

Des avions cloués au sol, un aéroport en état d’urgence, des passagers désemparés ne sachant quoi faire, une compagnie aérienne en état de choc pour cause de différend sur la tenue entre les deux principaux corps de métier. Ce qui vient de se passer à l’aéroport de Tunis-Carthage ce jeudi matin est intolérable, impardonnable.

Aucune explication, aucune justification ne peuvent parvenir à estomper les effets désastreux d’un incident qui a transformé le cockpit d’un avion en ring de pugilat entre un mécanicien et un pilote de ligne. Beaucoup de monde est responsable et coupable de cet état de fait. Certes les enquêtes administrative et judiciaire vont établir les responsabilités effectives de chacun. Mais pour capitales qu’elles soient, elles ne peuvent minimiser celles que portent tous les autres intervenants dans ce fâcheux incident.

Cela fait trois semaines que le différend entre les pilotes et les mécaniciens de vol à propos de la tenue a émergé au grand jour. Il a été dit d’ailleurs qu’il a été réglé et que tout est rentré dans l’ordre. Que cela ne fut pas le cas montre à quel point il y a une incapacité réelle à résoudre les conflits latents ou réels au sein de l’entreprise.

Si la direction générale n’est pas capable de mettre fin à de telles querelles à première vue puériles, comment peu-on lui faire confiance pour résoudre des problèmes autrement plus importants et à gérer une entreprise complexe. On a cru en plaçant à la tête du transporteur national un ancien cadre de l’armée que la discipline sera respectée et que les difficultés internes et externes seront dépassées. Force est de constater qu’il n’en est rien.

Ce n’est pas une cellule de crise réunie dans l’urgence ni le fait de mettre en avant que la sécurité des passagers devait être primordiale, ce qui justifie la suspension des vols, qui peuvent dispenser la direction générale de ses responsabilités dans ce qui vient de se passer. Gouverner c’est prévoir, dit-on, gérer une grande entreprise est de même nature. A l’évidence, la direction générale n’a pas pu anticiper les effets dévastateurs de cette histoire de tenue. Ce n’est pas une erreur d’appréciation. C’est une faute grave.

Le ministère des Transports n’est pas non plus exonéré de ses responsabilités envers l’entreprise. Il ne fait plus de doute que le secteur des transports dans ses différents modes est un secteur sinistré. Les accidents mortels de bus ou de chemin de fer sont là pour le prouver. La situation catastrophique que vit la compagnie Tunis Air, dont les retards sont devenus une mauvaise mais persistante habitude, est symptomatique des maux que vit le secteur.

La querelle à propos de la tenue des pilotes et des mécaniciens au vol et l’incapacité à la gérer au mieux de l’intérêt de l’entreprise sont les dernières gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase. Une atteinte grave est portée non seulement à l’image de la compagnie nationale mais aussi et surtout à l’image du pays. Cela est intolérable et doit être sanctionné comme il se doit.

On ne peut d’ailleurs que se féliciter du fait que le Chef du gouvernement Youssef Chahed ait réagi avec vigueur devant cette situation à tout point insoutenable. En tapant sur la table avec la fermeté requise et en réclamant que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur pour sanctionner les personnes qui sont à l’origine de l’incident, il a montré la voie à prendre. Il a instruit d’ailleurs le ministre des Transports et le PDG de Tunis Air de procéder sans délai à une enquête administrative à charge pour eux de mettre leur rapport sur son bureau avant la fin de la journée. Il a aussi demandé qu’une enquête judiciaire soit diligentée pour que les responsables soient sanctionnés comme il se doit.

L’UGTT n’a pas été en reste. Elle a estimé à juste raison que les perturbations enregistrées ce jeudi portent atteinte à l’image du pays et à la réputation de la centrale syndicale. Elle a aussi décidé de traduire les syndicats des pilotes et des techniciens devant le conseil de discipline pour tirer l’affaire au clair et demander des comptes à tous ceux qui ont causé ces perturbations.

Le moins que l’on puisse espérer après cet épisode fâcheux, c’est que l’affaire ne soit minimisée. Elle est très grave. Pour qu’elle ne se reproduise pas, il faut que des sanctions exemplaires soient prises avec célérité envers toutes les personnes qui en sont responsables.

Pas de quartier pour les coupables.

RBR

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