Ben Sedrine : les anciens ministres condamnés « ont été abusés par leurs mauvais conseils »

Ben Sedrine : les anciens ministres condamnés « ont été abusés par leurs mauvais conseils »

 

Dans une longue tribune publiée dans le journal « la Presse » de mercredi 17 mai, la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine, s’élève contre ce qu’elle appelle «  une minorité de perdants de la révolution  et de bénéficiaires du système despotique » qui  « ont orchestré des campagnes systématiques contre l’IVD depuis qu’elle a entamé ses travaux, occupant l’espace médiatique dominant, s’appliquant à distiller en continu dénigrement et discrédit ».

Elle appelle « les responsables de l’exécutif » à rectifier  « leur démarche » et à s’associer «  pleinement à assurer le succès de la justice transitionnelle ». Selon elle,  «  il n’existe pas de raccourci pour le règlement du passé en dehors de ce processus ». Elle explique qu’en dépit des « attaques méthodiquement orchestrées, l’IVD a réussi à gagner la confiance des citoyens qui ont enregistré près de 65 000 plaintes ; tous demandent la révélation de la vérité sur les exactions du passé à travers un processus transparent de redevabilité ou bien l’arbitrage de l’IVD pour les auteurs d’infractions économiques ».

Elle a affirmé que le projet de loi  sur la réconciliation économique et financière présenté depuis mars 2015 par la présidence de la République, «  met en danger » le processus de la justice transitionnelle, parce que « non seulement il ne réalise pas la réconciliation, mais il consacre la banalisation de la corruption et transforme les criminels en victimes à qui on doit accorder l’impunité; celle-ci n’aura d’autre effet que de garantir la reproduction d’un système qui engendrera les mêmes fléaux qu’on dit vouloir combattre ». 
Ben Sedrine bat en brèche les arguments avancés par « les promoteurs du projet » qui est « basé sur deux gros mensonges » :

• L’impératif de redresser l’économie en crise à cause des poursuites judiciaires à l’encontre des hauts fonctionnaires qui ont commis des abus et d’entrepreneurs corrompus.
• Le processus d’arbitrage et de conciliation au sein de l’IVD a échoué.
Il va de soi qu’aucune étude n’a pu démontrer l’effet vertueux de la corruption sur l’essor économique, c’est bien le contraire qui est vrai ».

Elle continue en rappelant que « les défenseurs de ce projet sont revenus à la charge à l’occasion d’un verdict du tribunal jugé sévère à l’encontre d’anciens ministres de Ben Ali. Suite à ces condamnations décriées comme « règlement de comptes politique» « répondant à une volonté de vengeance », le processus de justice transitionnelle a été fallacieusement incriminé. Tout en affichant un respect de façade pour l’indépendance de la justice, des ténors des médias dominants, allègrement suivis par nombre de dirigeants politiques s’en sont pris à l’IVD (qui n’avait rien à voir avec ce verdict) et au processus d’arbitrage mené en son sein, l’accusant d’avoir échoué à mener à bien la marche vers la réconciliation. Ils prônaient l’absolution pure et simple pour des faits — reconnus par les tribunaux — de détournement de ressources publiques, érigeant les coupables en « patriotes modèles » alliant « compétence » et un « sens prononcé de l’Etat ».
Or, explique-t-elle, « ces gens qui ont fait le choix de ne pas recourir à l’IVD ont été abusés par leurs mauvais conseils qui leur ont promis une amnistie-amnésie pour le moins risquée. Le mécanisme d’arbitrage au sein de l’IVD pouvait et peut encore constituer un recours dans le cas d’espèce. Il offre une chance pour les cadres de l’Etat de montrer leur bonne foi et leur sens de l’engagement public, en reconnaissant qu’ils étaient abusés par l’ancien système et s’engagent honnêtement à aider à réparer ces mauvaises pratiques auxquelles ils étaient associés ».

Lire l’interview de sa source :

http://www.lapresse.tn/index.php?option=com_nationals&task=article&id=13...

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