Ces appels de la honte !

Ces appels de la honte !

 

Une carte « fabriquée » par des esprits malintentionnés a circulé, ces derniers jours sur le net prônant la partition du pays entre Sud et Nord. Montrant un Sud qui a longtemps souffert de marginalisation et de disparités, alors que son sol recèle des richesses importantes, entre pétrole et phosphates.  Des forces occultes  ont, au cours des dernières années, brandi cette menace devant le silence des gouvernements successifs qui ne semblent pas accorder d’importance à ce genre d’appels subversifs à la division.  Alors que ces braises qui couvent pourraient mettre le feu à tout moment, si on ne les éteignait pas à temps. A la moindre étincelle sociale, l’incendie risquerait de se propager pour fissurer cette unité qui a toujours fait la force du pays dans un contexte marqué par une crise à tous les niveaux.

On comprend la légitimité des revendications pour un développement régional plus équilibré et pour  la concrétisation de cette discrimination positive énoncée dans la Constitution, mais la dérive vers des appels à la partition est inadmissible et ne saurait être tolérée sous quelque motivation que ce soit. Cette propagande utilisée par des populations frustrées et attisée par des politiques sans vergogne, ajoutée à la montée du tribalisme et à l’exacerbation du sentiment régionaliste, rendent la situation plus dangereuse pour l’ensemble du pays.

La proposition de consacrer une partie des bénéfices des revenus de phosphates pour le bassin minier, aussi légitimes et défendables qu’elles soient, traduisent mal un sentiment de frustration et de désespoir. Le gouvernement de Youssef Chahed n’est pas sans savoir que les  disparités entre les différentes régions du pays se sont approfondies, au fil des années  pour  devenir criardes. Cela n’a pas été sans répercussions sur sa cohésion et son intégrité puisque les mouvements sociaux qui ont, souvent, dégénéré en soulèvements et émeutes ont, depuis la révolte de Ali Ben Ghedhaham, menée en 1864 contre le pouvoir beylical, éclaté dans les régions déshéritées du Sud, du Centre et du Nord-Ouest. Or, cette approche  pourrait créer un précédent grave qui ouvrirait la voie à des revendications similaires dans d’autres régions, alors que les richesses là où elles se trouvent appartiennent à tous les Tunisiens.  Le gouvernement doit, plutôt, initier une nouvelle politique de développement régional basée sur la  discrimination positive et qui visent à augmenter leurs niveaux d’investissements public et surtout privé et, subséquemment, à améliorer le niveau de vie des populations de ces régions..

Contrairement à d’autres pays, la Tunisie ne souffre pas de crise identitaire ou encore d’hétérogénéité de sa   population qui dispose d’une somme de particularités communes fondant sa cohésion, sa solidarité et son unité. Ces particularités reposent sur des faits historiques, culturels et sociaux intégrateurs qui ont permis aux Tunisiens de transcender toutes sortes de clivages et  de s’unir face aux menaces et aux dangers. Les événements de Ben Guerdane,  cette ville excentrée, à la lisière de la Libye, ont montré que quand l’intégrité du pays est menacée, les Tunisiens savent faire preuve de résilience et de sens aigu de patriotisme. Ce même sentiment sans fard, on le retrouve chez ces citoyens  qui soutiennent les forces sécuritaires et militaires dans chaque attaque terroriste, chez ces  mères, ces épouses, ces pères, et ces familles qui  nous ont offert une belle leçon de grandeur d’âme, d’amour de la patrie et de sacrifice au moment de l’enterrement de leurs martyrs. On le retrouve également, dans cet élan de solidarité spontané avec les victimes du drame de Khmouda, chez ces citoyens qui ont décidé d’ouvrir leurs portes aux familles des victimes accueillies dans d’autres villes, proposant sur les réseaux sociaux de prendre en charge leur nourriture et leur transport, en plus de leur hébergement.

Devant les intrigues et les machinations de ces quelques pantins politiques qui semblent jaser dans un torrent de desseins futiles mais  nuisibles et qui soufflent sur les braises, l’incertitude et l’inquiétude pourraient gagner beaucoup de Tunisiens. C’est pourquoi, ces appels de la honte  pour planter les germes de la division doivent être dénoncés et condamnés par l’ensemble des Tunisiens. L’unité nationale est une  ligne rouge qui ne doit pas être sujette à un quelconque marchandage ni à une quelconque revendication.  La Tunisie est une et elle est indivisible. Et elle le restera.

B.O

 

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