Cette presse française qui a mauvaise presse !

Cette presse française qui  a mauvaise presse !

 

« La Tunisie, ce vivier du terrorisme international », titrait le quotidien français « le Figaro » le 23 décembre un  article consacré à notre pays. Deux jours plus tard, il récidive et va plus loin. « Tunisie, risque de somalisation ». « Le Monde », journal de référence de l’intelligentsia en France, tombé dans l’escarcelle de Qatar,  n’est pas en reste même s’il paraît un peu plus sobre. « L’inquiétude de la Tunisie face au terrorisme » titre-t-il.    « L’attaque de Berlin a remis la Tunisie dans la lumière et rappelé sa situation de grande fragilité face au terrorisme » écrit le quotidien du soir.

L’attentat de Berlin est l’occasion rêvée que trouve la presse française pour taper sur la Tunisie. Si les médias audiovisuels ont, deux jours durant, répété à l’envie le nom du terroriste tunisien qui en était l’auteur, la presse écrite ne s’est pas privée pour égrener les attentats commis par des Tunisiens avant de rappeler que la Tunisie est le premier pourvoyeur de terroristes dans les zones de conflit, en Irak, en Syrie, en Libye et ailleurs.

Approche simple et simpliste d’un phénomène plus complexe dont la conséquence est de faire de la Tunisie le pays du terrorisme et des Tunisiens des terroristes en puissance.

Mais la presse française dans cette campagne qui a tout l’air d’être dûment orchestrée ne dit pas que l’auteur de l’attentat de Berlin, Anis Amri était   parti de Tunisie il y a six ans, à l’âge de  18 ans. Le jeune délinquant  était devenu le terroriste que l’on connaissait parce qu’il il  avait été radicalisé en Italie, lors des quatre ans de détention dans les prisons transalpines. De même, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le  conducteur du camion qui avait foncé sur la foule à Nice lors du feu d’artifice du 14 juillet dernier était résident en France depuis 2005. Lors des onze dernières années( de 20 à 31 ans) il n’avait  pas vécu  en Tunisie. S’il était devenu un dangereux terroriste, cela n’est nullement la responsabilité de la Tunisie ni des Tunisiens. A moins qu’il n’ait ce mal dans les chromosomes !

D’autre part, s’il n’y a pas eu l’invasion de l’Irak par les forces américaines, la guerre encouragée par l’occident Contre le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, et la destruction de l’Etat en Libye par les forces de l’OTAN conduites par la France, ces trois zones de conflit n’auraient pas existé et attiré des dizaines de milliers de « djihadistes », terme utilisé à tort pour qualifier ces terroristes venus de plus de 80 pays dont des ressortissants de la plupart des pays occidentaux.

Sans vouloir polémiquer n’oublions pas que les Français figurent en bonne place parmi ces « djihadistes-terroristes », tout comme les Allemands, les Belges, les Anglais et les Américains.

De même la Turquie, un membre important de l’OTAN voisin de la Syrie et de l’Irak a encouragé sous l’œil bienveillant de ses alliés et à leur instigation l’arrivée sur son territoire ces dizaines de milliers de terroristes avant d’être dirigés vers les camps d’entrainement et ensuite vers les zones de guerre.

Sur un autre plan, les pays du Golfe proches de l’Occident ont financé, armé, entraîné et offert la logistique à ces terroristes. Cela personne ne peut le nier quand bien même le monstre s’est retourné contre ceux qui l’ont créé.

Ainsi jeter l’opprobre sur la Tunisie et en faire le bouc émissaire de la recrudescence du terrorisme dans la région est révélateur d’un esprit malintentionné en direction du pays  qui a initié le Printemps arabe et qui est resté l’exception dans la quête de la compatibilité de la  démocratie avec l’Islam.

Sans nul doute, cette campagne savamment orchestrée et rondement menée depuis la condamnation unanime des Tunisiens de l’assassinat par les services secrets israéliens du Tunisien Mohamed Zouari dont on découvre qu’il fut l’un des dirigeants de l’aile armée de Hamas est une nouvelle punition infligée à la Tunisie.

Les attentats du musée du Bardo et d’un hôtel  de Sousse en 2015 ont mis à genoux le tourisme tunisien. Au moment où on sent quelque frémissement en vue d’un rétablissement de ce secteur essentiel pour l’économie du pays, cette campagne risque de mettre à mal l’image du pays, devenu dans l’imaginaire français et européen un repaire du terrorisme mondial. Ce n’est pas le tourisme qui en pâtira mais le pays en entier et sa jeune démocratie au passage.

Il est de la plus grande importance d’allumer les contre-feux pour s’opposer à cette campagne d’autant plus insidieuse qu’elle met l’accent sur la peur, l’horreur et  la terreur qui ont de tout temps constitué les traumatismes  ayant paralysé l’humanité dans sa vie quotidienne et son existence même.

Il est urgent de mener une riposte pour montrer que le terrorisme est un fléau qui frappe partout aveuglément et que tous les peuples sont concernés par ses effets dévastateurs. Qu’il s’agit d’un mal qui n’est pas plus tunisien qu’il n’est français belge ou américain.

Il importe aussi que la société civile tunisienne se mobilise pour s’opposer à cette campagne injuste et injustifiée. Il est essentiel de condamner les actes terroristes avec la plus grande vigueur et d’affirmer que les Tunisiens sont les premières victimes de ce fléau qui n’a ni patrie ni religion et qui est l’antithèse de l’humanité.

La presse française se trompe lourdement sur un sujet grave qui ne doit pas être traité à la légère en usant de simplifications ou en jouant sur les mystifications. Ce n’est pas évidemment pas de la sorte qu’on peut en triompher.

Le terrorisme est un mal absolu. Il traverse les pays et ne reconnait pas les frontières. Pour le combattre, il faut une mobilisation de tous les pays de  la région et du monde. Le restreindre à un pays ou à une zone géographique, c’est  lui permettre de prospérer partout. Prenons garde à ne pas commettre cette faute.

R.B.R

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