Christine Lagarde à Jeune Afrique: Nous faisons tout notre possible pour soutenir la Tunisie

 Christine Lagarde à Jeune Afrique: Nous faisons tout notre possible pour soutenir la Tunisie

 

Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, la directrice générale du Fonds Monétaire International FMI souligne que son institution « fait tout son possible pour soutenir » la Tunisie, ajoutant que « les enjeux économiques sont toujours là ». « Le contexte reste difficile, mais la Tunisie montre une persévérance certaine, et nous persévérerons à ses côtés ».

Ci-après ses réponses aux questions concernant le printemps arabe, la Tunisie l’Egypte et l’endettement

Quel bilan dressez-vous des printemps arabes ?

Un bilan mitigé. La Jordanie a effectué un beau redressement macroéconomique, mais elle paie le prix fort en matière de charges budgétaires en raison d’un afflux monumental de réfugiés. Le Maroc, où nous avons renouvelé pour la troisième fois une ligne de crédit de liquidités, s’en sort assez bien. Il fait partie des pays qui ne sont pas exportateurs de pétrole ou de matières premières agricoles et qui mènent à bien leur restructuration.

Quid de la Tunisie ?

Nous faisons tout notre possible pour la soutenir. Nous avons assoupli et prolongé notre programme. Faire une transition démocratique, élaborer une Constitution quasi exemplaire, organiser des élections locales et nationales, c’était un défi incroyable ! Cela dit, les enjeux économiques sont toujours là : le déséquilibre de développement entre les zones rurales et la côte, les jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emploi, les menaces sécuritaires qui nuisent au tourisme. Le contexte reste difficile, mais la Tunisie montre une persévérance certaine, et nous persévérerons à ses côtés.

Et l’Égypte ?

Nous avons enfin trouvé avec son gouvernement les bases d’un programme de 12 milliards de dollars [plus de 11 milliards d’euros] qui a été approuvé par notre conseil d’administration fin 2016. Les réformes auxquelles l’Égypte s’est engagée sont en bonne voie. Le gouvernement doit consacrer un minimum de 33 milliards de livres [1,6 milliard d’euros], soit 1 % du PIB, à ses dépenses sociales. Cela va dans le bon sens.

La montée de la dette vous inquiète-t-elle ?

Pour les pays qui se sont lourdement endettés en devises étrangères et en prêts non concessionnels, il y a effectivement des risques de renchérissement des taux de leurs emprunts et de dépréciation de leur devise. En 2010, sur notre échelle, le risque de la dette était très faible en Afrique. Depuis, la situation s’est dégradée. Il y a moins de pays à très haut risque, mais la cohorte de ceux dont le risque est devenu moyen a beaucoup augmenté.

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