Désolé, « la viande avariée » doit-être jetée aux chiens !

Désolé, « la viande avariée » doit-être jetée aux chiens !

 

La polémique enfle au sujet du retour des terroristes en Tunisie. Les avis divergent, selon l’appartenance politique et le degré de responsabilité des uns et des autres  dans  l’envoi de milliers de jeunes dans ce qu’on appelle les zones de conflit, une appellation édulcorée pour signifier tout simplement les zones de terrorisme. Une bataille juridique est engagée concernant l’interprétation de l’article 25 de la constitution qui « interdit de déchoir de sa nationalité tunisienne tout citoyen, de l’exiler, de l’extrader ou de l’empêcher de retourner dans son pays ». Pour certains, il ne souffre aucune ambigüité et, par conséquent, tout Tunisien, aussi terroriste soit-il, a le droit d rentrer dans son pays. Pour d’autres, comme le professeur de droit constitutionnel Amine Mahfoudh, l’article 25 pourrait être déclaré « obsolète si l’on considère les crimes commis par les Tunisiens à l’étranger comme étant des crimes contre l’humanité et/ou crimes de guerre ».

Quant aux partis politiques et aux organisations nationales, ils ont pris tout leur temps pour s’exprimer sur cette question, malgré sa gravité. Toutefois, l’UGTT a été la première à avoir annoncé clairement sa position. Elle considère que « l’envoi des jeunes Tunisiens et Tunisiennes aux zones de conflit en Libye, Syrie et Irak et autres constitue l’un des plus graves crimes collectifs commis au cours de la dernière décennie en Tunisie » et appelle à « juger ceux qui ont encouragé le départ des jeunes vers les zones de conflit ». Nidaa Tounes lui a emboité le pas en faisant part de son opposition catégorique au « retour des terroristes des foyers de conflit, appelant à l’intensification des efforts diplomatiques en vue de leur jugement dans les pays où ils ont commis leurs crimes ». De son côté, Afek Tounes s’est déclaré opposé à « tout contrat secret ou annoncé qui favorise le retour des terroristes tunisiens dans le pays et s’oppose à toute normalisation avec le terrorisme ».

Le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami a déclaré que « ces terroristes doivnet être jugés, condamnés et purger leur peine dans les pays où il sont commis des crimes ».  Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure a été plus ferme sur ce point en mettant en garde contre le retour des terroristes en Tunisie et le risque de « somalisation » du pays. Il a, même, accusé des partis politiques et quelques associations d’être derrière « la campagne qui vise à blanchir l’image de ces terroristes ».

A son tour, Mohsen Marzouk le secrétaire général de Mashrou3 Tounes, a indiqué que « Tout terroriste revenant des foyers de tension, non incarcéré par prévention en prison est une bombe à retardement et un meurtrier libre qui attend l’occasion de commettre son crime ». Le Collectif de Citoyens Tunisiens, composé de plus de 40 associations et de milliers de citoyens, mobilise contre le retour des terroristes. « Nous sommes tous concernés, nous sommes tous menacés ».  Il a lancé une pétition intitulée «  Non au retour des terroristes en Tunisie ».  

L’ancien président provisoire Moncef Marzouki s’est, à son tour, prononcé sur cette question en affirmant que la Tunisie ne doit « refuser aucun de ses enfants, ils peuvent rentrer, mais à condition d’accepter une période de contrôle dans des centres spécialisés à créer par des lois ad-hoc ». Il a décliné toute responsabilité sur le départ des jeunes aux foyers de terrorisme, la rejetant sur les autres.

Un blanc seing pour les terroristes?!

Mais la position qui a suscité le plus de controverses et d’interrogation est celle du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Certes, il a reconnu, quoique avec beaucoup de retard, que la venue des prédicateurs radicaux en Tunisie était une erreur, mais sa « viande avariée que devraient prendre en charge les siens », a sonné comme un « blanc seing » pour ces milliers de terroristes qui sont partis pour tuer femmes et enfants, égorger jeunes et moins jeunes, détruire des cultures et des civilisations…. « Ils sont des malades mentaux et doivent, par conséquent, être traités par des psychothérapeutes », a-t-il expliqué.

Elles ne sont pas loin ces années qui ont vu l’arrivée de ces prédicateurs «envahisseurs» à qui on a déroulé le tapis rouge et ouvert le salon d’honneur et le palais de Carthage, débarquer chez nous à l'invitation d'associations et de partis politiques. Des réseaux ont été mis en place, avec la complicité de dirigeants politiques dont certains siégeaient au gouvernement et d’autres au sein de l’Assemblée nationale constituante, profitant du laxisme de la défunte « troïka », financés par des «donateurs» de certains pays du Golfe, pour faciliter le recrutement et le transfert de milliers de jeunes tunisiens dans les zones de conflit.

La responsabilité de ceux qui étaient au pouvoir entre 2012 et 2013, est évidente. Ils ont fermé les yeux sciemment et laissé les jeunes se faire embrigader par les réseaux terroristes.

A ceux qui prônent « le pardon et le tri » et croient au repentir des terroristes, nous leur rappelleront l’exemple des anciens terroriste de Soliman. Après avoir été libérés et indemnisés, ils ont repris le chemin du terrorisme.

Entre temps, plus de 800 sont déjà rentrés en Tunisie, dans la discrétion totale.  Ils étaient en Syrie, en Irak et en Libye et avaient quitté le pays notamment au cours des années 2012 et 2013. Après un simple interrogatoire, ils ont regagné leurs régions. Certains sont soumis au contrôle administratif. Le mouvement de retour va s’accentuer au fil des mois et selon certaines sources, on enregistre chaque jour une trentaine de revenants.

A ce rythme-là, on risque de se réveiller un jour pour se retrouver face à face avec un tueur attitré. C’est pour cela que « la viande avariée doit-être jetée aux chiens ».

B.O

 

 

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