Faillite de 3 banques américaines et risque d’effet domino

Faillite de 3 banques américaines et risque d’effet domino

Par Habiba Nasraoui Ben Mrad

Docteure en Sciences Economiques, Chercheure et Enseignante Universitaire

Les États-Unis, le monde entier, seraient peut-être au bord d'une récession, voire d’une crise économique globale se profilant à l’horizon. Les faillites d’au moins trois banques américaines risquent de se traduire par un effet domino.

La faillite,  de l’importante banque californienne SVB, deSignature Bank de New-York et de Silvergate Bank, peuvent être à l’origine d’une crise financière semblable à celle de 2008.  Un phénomène de trappe à la liquidité, manifestant des retraits bancaires massifs a provoqué la chute de trois banques américaines à partir du 08 mars 2023 : la Silicon Valley Bank (SVB), la Signature Bank, et la Silvergate Bank.

La SVB, qui ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, a été fermée le 10 mars par les autorités américaines. L’Etat Américain vole au secours de la SVB, au risque de voir tout le système bancaire s’effondrer. Le Trésor, la Fed et la FDIC ont en effet déclaré le 12 mars que tous les clients de SVB seraient protégés et en mesure d'accéder à leur argent, sauf que la FDIC limite la garantie des dépôts à 250000$. « Joe Biden a promis ce 13 mars de faire "tout ce qui est nécessaire" pour que le système financier américain reste "solide »

Plusieurs similarités dans les raisons qui auraient déclenché la crise, semblent confirmer le risque d’un effet domino, qui peut rapidement déboucher sur une crise bancaire, le manque de liquidités risque en effet, d’assécher voire de geler le marché interbancaire. Dans ce genre de situation, les banques en difficultés ont du mal à lever des liquidités sur le marché monétaire, et sont dans l’incapacité d’emprunter sur les autres marchés.

La panique bancaire; risque de  vite gagner du terrain, par effet de contagion et  peut se propager aux différents marchés interbancaires, aux États-Unis et dans le reste du monde.

Tout comme ce qui s’est produit en 2008, ce sont les hausses des taux d'intérêt qui ont été à l’origine des problèmes de liquidité pour les institutions bancaires. Les mécanismes de propagation viennent de ce que les mêmes opérateurs et intervenants se retrouvent  sur l’ensemble des marchés financiers, sur l’ensemble des places financières, tant aux Etats-Unis que dans les autres pays.

La principale différence entre les deux crises est qu’en 2008, les crypto-actifs n'étaient pas en jeu. L’une des banques actuellement en faillite, la SVB, est connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des start-ups technologiqueset des cryptomonnaies.

Aux problèmes de titrisation impliquant la déconnexion des titres de leur valeur réelle en 2008 vont s’opposer  les crypto-actifs, et des prêts non performants sans garantie physique.

Les mécanismes de cette crise rappellent outre mesure ceux de la crise  de 2008 voire celle de 1929, par le fait que des difficultés sur le marché financier, impliquant une demande massive de retrait à laquelle les banques n’ont pas été en mesure d’y répondre . Une crise bancaire majeure se profile à l’horizon, induisant une crise financière qui fera vite de se propager à l’ensemble des systèmes bancaires et financiers internationaux qui sont désormais interconnectés. La seule différence vient de la nature des actifs,  cette dernière crise concerne les cryptoactifs, les entreprises technologiques et les sociétés à capital-risque.

Aujourd’hui les risques d’effet Domino commencent à se confirmer. Une banque Européenne le Crédit Suisse, voit son action chuter de 25,5%, une banque dont la renommée est suffisamment importante pour susciter davantage la panique. Devant les difficultés à emprunter sur le marché, et le refus de son principal La Banque Nationale Saoudienne ; de la soutenir, en lui fournissant les liquidités nécessaires, en cas de nouvel appel de fonds.

D’autres banques ont subi le même sort dans une moindre mesure , avec une perte   de 11,9% pour la  Société Générale, une des toutes premières banques en France ; de 9,6%  BNP Paribas  et7,7% pour UBS.

La question à se poser est de savoir, si l’effet domino qui s’est déjà déclenché, se poursuit, quel impact cela pourrait avoir sur la sphère réelle ? car c’est uniquement à ce moment que l’on pourra réellement parler de risque de récession économique, des suites d’une crise financière internationale ; provoquée par une crise bancaire

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