Gouvernement Chahed : Qui perd, qui gagne !

Gouvernement Chahed : Qui perd, qui gagne !

 

Au jeu de qui perd qui gagne, s’agissant du gouvernement de Youssef Chahed rendu public ce samedi soir, il y a sans conteste un grand gagnant, Béji Caïd Essebsi. Le président de la république a fini par imposer son idée de gouvernement d’union nationale. Alors que l’on s’attendait au mieux à une reconduction de la coalition quadripartite, voilà que le gouvernement est formé de sept partis politiques (Nidaa, Ennahdha, Afek, Moubadara, Al-Joumhrouri, Al-Massar, Echaab en plus d’un député indépendant Mahdi Ben Gharbia). Deux organisations nationales sont peu ou prou représentées au gouvernement, l’UGTT avec deux anciens syndicalistes nommés ministres Abid Briki et Mohamed Trabelsi et l’UTAP avec un secrétaire d’Etat Amor Béhi.

Youssef Chahed qui a tenu son pari de former un gouvernement politique, rajeuni et féminisé est l’autre gagnant. Avec 26 ministres et 14 secrétaires d’Etat, il n’a pas pu constituer l’équipe resserrée qu’il appelait de ses vœux. Mais avec huit femmes au gouvernement dont six ministres pleins il fait mieux que tous ses prédécesseurs surtout qu’il a osé nommer des femmes à des postes exposés comme le ministère des Finances et le ministère de la Santé.

Au niveau des partis c’est Ennahdha qui a pu manœuvrer le mieux pour avoir des postes de premier plan. Ainsi, les Finances, le Commerce et l’Industrie (fusionnés en un seul département), la Formation Professionnelle et l’Emploi et l’Economie numérique et les TIC tombent dans l’escarcelle du parti islamiste.

Nidaa Tounés n’est pas en reste. En effet, il récupère la présidence du gouvernement, garde le seul ministère accordé à un parti politique parmi les ministères de souveraineté, celui des affaires étrangères et trois grands ministères (Education, Tourisme et Transport) en plus de nombre de secrétaires d’Etat dont Fayçal Hafiane jusque là conseiller politique du président de la république.

Le grand perdant est sans conteste l’UPL de Slim Riahi finalement éjecté du gouvernement pour avoir multiplié les pressions et mis des conditions à son entrée au sein de l’équipe Chahed. Est-ce par dépit du fait que le chef du parti n’a pas été retenu pour présider à un grand ministère ? La question mérite d’être posée.

Afek Tounés a pu quant à lui sauver la mise. Il a pu en effet garder deux ministères importants à savoir celui de la Santé confiée à Samira Marai anciennement ministre de la femme et de la famille et celui des Affaires locales et de l’Environnement(les deux ministères fusionnés) confié à Riadh Mouakhar. En plus de deux secrétaires d'Etat (Hichem Ben Ahmed : transport et Faten Kallel: jeunesse).

Que dire de l’UGTT ? Affirmant dès le départ qu’il n’était pas concerné par les postes ministériels, il parvient à la fin à glaner deux départements et pas des moindres, celui de la Fonction publique et de la Gouvernance confié à Abid Briki et celui des Affaires sociales dont le nouveau titulaire est Mohamed Trabelsi. Tous les deux sont d’anciens secrétaires généraux adjoints de la centrale syndicale.

Est-ce pour autant un cadeau ou un cadeau empoisonné. Si on sait que les deux départements totalisent l’ensemble des fonctionnaires du secteur public 700.000 et les salariés du privé quelque 1,4 million et qu’ils ont sous leur autorité les caisses sociales, actuellement dans une situation catastrophique on se rend compte de la lourdeur de la tâche qui les attend. Le gouvernement gagnera-t-il la paix sociale tant convoitée pour pouvoir aller de l’avant dans les réformes douloureuses qu’il est appelé à mettre en œuvre.

En tout cas le fait d’impliquer la centrale syndicale dans l’action du gouvernement ne peut être que salutaire au regard des défis qu’attend l’équipe Chahed.

R.B.R.

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