Gouvernement Chahed : Rumeurs, rumeurs, une mode tunisienne !!

Gouvernement Chahed : Rumeurs, rumeurs, une mode tunisienne !!

 

Youssef Chahed vient tout juste d’être nommé « chef de gouvernement désigné » que déjà la machine des rumeurs sur la composition de son gouvernement vient de s’enclencher.

Chacun y va de sa petite idée. Celui-ci dit en chuchotant comme pour intéresser celui qui l’écoute que Rached Ghannouchi a revendiqué pour Ennahdha le plus grand nombre de postes ministériels avec à l’appui des noms qu’il cite pêle-mêle pour rendre crédibles ce qui ne sont que des supputations de sa part. Tel autre dit avec l’assurance de celui qui connait tout mais cherche à préserver ses sources ; Nidaa Tounés propose huit noms (avec une précision mathématique) pour occuper autant de portefeuilles, 4 anciens et 4 nouveaux avec des noms à l’appui. Un journaliste qui prétend avoir des relations avec le sérail vous dit à l’oreille sous le sceau de la confidence, l’UPL ne demande rien mais veut tout alors qu’Afek Tounés ne se contentera pas des actuels titulaires mais voudra les maintenir et, peut être même, renforcer sa présence. Un autre tout aussi assuré de ses sources vous dit sans que vous ne lui ayez rien demandé que le prochain gouvernement sera resserré qu’il ne comptera qu’entre 15 et 20 ministres avec un renouvellement qui dépasse les 75% avec au moins un tiers de femmes, entre 5 et 7 avec des noms glanés ça et là.

Le propre de la rumeur c’est qu’elle est assez vague pour que vous ne preniez pas celui qui la propage en défaut. Elle est assez crédible car elle repose généralement sur des indices solides comme le rajeunissement et la féminisation de l’équipe. Ce qui est un souhait dont on ne sait pas s’il va être pris en compte ou pas devant la réalité des choses. Elle repose aussi sur des noms qui généralement sont compatibles avec les postes qu’on leur accole.

La rumeur peut être innocente dans le sens où la personne qui en fait état veut montrer qu’il connait tout, sait tout et a des relations hautement placées. Si ce qu’il avance s’avère juste, c’est bon pour son ego et pour la considération qu’on lui porte. Si c’est faux, il vous dira l’air de rien qu’un élément nouveau est venu à la dernière minute perturber la belle mécanique convenue. Mais la rumeur peut être une manipulation. Soit pour jeter un nom dans la mare et attendre l’écho en retour. Soit pour prêcher le faux pour avoir le vrai. Soit pour faire du lobbying pour ses amis, des gens de sa région ou de sa corporation.

Alors attendons-nous à ce que les commérages de la rumeur envahissent nos médias et qu’ils deviennent le pain quotidien des chasseurs de nouvelles. D’ailleurs il vaut mieux pour les hommes et femmes politiques qu’ils n’y accordent que peu d’intérêt car la rumeur se nourrit de la rumeur. Plus on la propage plus elle devient crédible. C’est le serpent qui se mord la queue. Que Youssef Chahed se rassure. Plus il y a de rumeurs plus l’attention est élevée et les attentes grandes.

Plus la rumeur est précoce, plus elle montre que le public est tenu en haleine. En tout cas sans rumeurs la politique sera amputée de son bras armé, l’intérêt pour la chose publique.

La rumeur, une mode tunisienne. Voire.  Elle est le propre de la politique sur tous les cieux. Mais chez nous depuis Carthage les rumeurs, les odeurs et les humeurs font partie de notre style de vie.

R.B.R.

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