Hamouda Ben Slama : Kamel Letaif, un homme d’ouverture, H.Baccouche a fait capoter la normalisation avec les islamistes

Hamouda Ben Slama : Kamel Letaif, un homme d’ouverture, H.Baccouche a fait capoter la normalisation avec les islamistes

 

Quelques jours après l’accession de Ben Ali au pouvoir le 7 novembre 1987, il a été appelé à Carthage pour rencontrer le nouveau chef d'Etat qui le charge d’une mission délicate : jouer les bons offices entre le nouveau régime et les islamistes qui étaient alors en prison. Il s’agit du dr Hamouda Ben Slama, médecin de son état, l’un des membres fondateurs de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.  Proche du mouvement islamiste et notamment de Rached Ghannouchi, Abdelfettah Mourou et Hamadi Jebali, il était la personne idoine pour jouer ce rôle. Récompensé en se voyant confier  le secrétariat d’état à la santé en 1988 avant d’être nommé, quelques mois après,  ministre de la jeunesse et du sport et membre du bureau politique du RCD.

Dans une longue interview publiée, mardi 24 mai 2016, dans l’hebdomadaire « Akher Khabar », il revient, avec beaucoup de détails, sur cette mission. Il a évoqué plisieurs acteurs de cette période, Kamel Letaief, Hédi Baccouche, Habib Ammar, Abderrahim Zouari, Moncer Rouissi, Rached Ghannouchi, Abdelfettah Mourou, Haamdi Jebali...

Ben Slama a transmis un message rassurant aux dirigeants islamistes de la part du nouveau locataire de Carthage qui, premier ministre de Bourguiba, s’était fermement opposé à la peine capitale contre eux. Il a transformé son cabinet, sis avenue de la Liberté à Tunis,  en un lieu de rencontres entre les représentants du nouveau régime et ceux des islamistes. Abderrahim Zouari alors secrétaire général du RCD et Moncer Rouissi conseiller politique de Ben Ali, d’un côté, Rached Ghannouchi, Abdelfettah Mourou et Hamadi Jebali de l’autre.

Les réunions étaient longues et harassantes, et se déroulaient souvent sous « la surveillance » des flics spécialement dépêchés sur les lieux par le ministre d’état ministre de l’intérieur Habib Ammar, l’un des hommes clés de l’opération 7 novembre.

Après la libération des dirigeants islamistes, les rencontres se sont poursuivies entre les deux parties et le Mouvement de la tendance islamique qui s'ets transformé en Mouvement Ennahdha, fut autorisé à se présenter aux élections législatives anticipées d’avril 1989. Mais auparavant, Ben Ali qui était le seul candidat à la présidentielle, cherchait à former une sorte de front national qui réunirait destouriens, islamistes, sociaux démocrates et autres.

Avec une répartition qui donnerait 80% des sièges au RCD et les 20% restants répartis entre les autres partenaires.  Cette initiative soutenue par Kamel Letaief, l’ami personnel de Ben Ali qui a joué un grand rôle dans l’ouverture du nouveau régime et il était  « le seul qui poussait à une normalisation des relations entre le pouvoir de Ben Ali et les islamistes », avait capoté à cause de l’intransigeance de Hédi Baccouche et Habib Ammar. Selon Ben Slama, Ghannouchi avait accepté que son mouvement soit représenté au sein de la chambre des députés par quatre ou cinq membres.

Toutefois, au cours de la campagne électorale, avec la démonstration de force des islamistes,  tout a changé et le climat s’est détérioré. Ben Ali, explique l’ancien ministre, a constaté la forte mobilisation du mouvement de Rached Ghannouchi et pu ainsi mesurer son importance. « Les islamistes allaient gagner entre 30 et 40% des sièges », a-t-il affirmé. » C’est pourquoi on a recouru à la falsification des résultats ». Et « on a compris alors que c’était un stratagème de sa part pour ficher les membres d’Ennahdha et débusquer ses cellules dormantes ».

Après les attentats de Bab Souika, la chasse aux islamistes a été engagée, aboutissant à l’arrestation de plusieurs islamistes et à la fuite d’autres en dehors du pays.

Hamouda Ben Slama qui fut, à un moment,  pressenti pour le poste de secrétaire général du RCD,  a senti, à ce moment, que sa mission est terminée et il est tombé en disgrâce. Il a été limogé du gouvernement au lendemain des attentas de Bab Souika, le 20 février 1991. Sa mise à l’écart a  profité, selon lui,  « à la gauche dont certaines figures ont été appelé à prendre des postes importants, à l’instar de Mohamed Charfi et Dali Jazi. Même les communiste sont été sollicités et  Mohamed Harmel a été l’envoyé spécial de Ben Ali à Bruxelles pour défendre la politique du régime du 7 novembre, tout comme Ahmed Néjib Chebbi».

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