Il y a 61 ans Sakiet : pour que le passé éclaire le présent

Il y a 61 ans Sakiet : pour que le passé éclaire le présent

L’Algérie et la Tunisie commémorent conjointement ce vendredi 8 février le 61ème anniversaire du bombardement par l’armée française du petit village de Sakiet Sidi Youssef, situé à la frontière entre les deux pays.

Bombardement de Sakiet Sidi Youssef par l’armée Française

Ce samedi, 10 h 30 du matin, Sakiet Sidi Youssef, une paisible petite bourgade située à la frontière algéro-tunisienne (à 50 Kms du Kef) grouillait de monde, en ce jour de marché hebdomadaire au cours duquel sont distribuées les aides aux réfugiés algériens par le Croissant Rouge Algérien et la Croix Rouge internationale et chacun vaquait à ses occupations.

En l’espace de quelques minutes, tout bascula dans l’horreur, un vacarme assourdissant, des explosions et des morts. La zone a été mitraillée par une escadrille de chasseurs français volant en rase-mottes. Par la suite, trois vagues des bombardiers.  L'opération implique 25 avions : onze bombardiers A-26, six chasseurs-bombardiers Corsair et huit chasseurs Mistra.

Le bilan varie entre 72 et 75 morts et 148 blessés. Des corps complètement calcinés, d’autres déchiquetés par les tirs de mitrailleuses. Parmi les bâtiments publics détruits, figurent un poste de la Garde nationale, un poste de la douane, une école primaire, des commerces et des maisons. Le bilan varie entre 72 et 75 morts et 148 blessés, dont une douzaine d'élèves d'une école primaire et des réfugiés algériens regroupés par une mission de la Croix-Rouge.

Cet événement fortement médiatisé a entrainé une condamnation internationale de la France. La Tunisie porte plainte auprès de l'ONU. Le président tunisien Habib Bourguiba rappelle son ambassadeur à Paris, renvoie les cinq consuls français et dépose une plainte devant l'ONU.

A Paris, les opposants à la guerre d’Algérie à l’Assemblée Nationale censurent et renversent le 15 avril le cabinet Gaillard. Ces événements ont contribué à hâter la fin de la IVe République et au retour au pouvoir du général de Gaulle qui impose, le 17 juin, un accord entre les la Tunisie et la France stipulant l'évacuation de toutes les troupes françaises du territoire tunisien à l'exception de Bizerte.

Le Kef une région frontalière marginalisée

A Sakiet Sidi Youssef ce 8 février 1958, les victimes étaient tunisiennes et algériennes. Quoi de plus normal quand on sait que la ville algérienne de Souk Ahras est toute proche. Quand on sait aussi que la Tunisie abritait nombre de réfugiés algériens qui ont fui la sauvagerie des militaires français durant la guerre d’Algérie. Quand on sait que c’est en Tunisie que siégeait le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) et ses bases militaires dans le Nord-Ouest (Kef, Tajerouine, Ghardimaou). Le tout avec grand courage et sacrifices consentis par les Tunisiens.

Ces réfugiés algériens en Tunisie vont stimuler un engagement de la population tunisienne et une grande fraternisation. La qualité de l’accueil, la scolarisation des enfants, le rôle du croissant rouge, l’attention permanente des élites tunisiennes à leurs frères algériens ont fait de cette période une des plus belles pages de l’histoire de la Tunisie. La journée mondiale des réfugiés qui est célébrée par l’ONU a été créée en 1959 pour célébrer entre autre le travail de la Tunisie. 

Par sa  position  stratégique aussi bien  au niveau  National et International,  le  Gouvernorat  du Kef  se  trouve  à  170  Km  de  la  Capitale  avoisinant l’Algérie avec une zone frontalière de 127 kms.  C’est une région dotée d’une réelle richesse agricole, industrielle et culturelle mais qui est aujourd’hui, une région marginalisée au bord du désespoir. Le gouvernorat du Kef n’a pas bénéficié d’une attention particulière depuis l’indépendance du pays, bien que les disparités régionales aient, de tout temps, constitué un souci majeur pour les gouvernements successifs, sans pour autant arriver à mettre en place une véritable stratégie de développement. C’est l’occasion pour corriger cette anomalie permanente par une vraie coopération entre nos deux pays.

Les populations frontalières attendent la réalisation des promesses

Chaque 8 février, la Tunisie et l'Algérie commémorent conjointement cet événement historique important qui a cimenté une excellente relation de confiance et de solidarité entre les deux peuples voisins et leurs gouvernements successifs. Lors de ce bombardement s'est mêlé le sang des Tunisiens à celui des Algériens dans leur combat commun. Au-delà des cérémonies culturelles, sportives et des discours politiques, la population attend le lancement de vrais projets économiques conjoints afin d’apporter richesse, emplois et progrès social aux habitants de cette zone frontalière en activant la réalisation des protocoles d’accords déjà établis.

La population vivant sur la bande frontalière, qui avait fondé beaucoup d’espoirs dans l’amélioration de leurs conditions de vie est déçue.  La Wilaya du Kef cherche un programme de développement régional audacieux et durable créateur de stabilité, de richesse et d’emplois des deux côtés de la frontière et dont l’Algérie sera le meilleur partenaire pour le réaliser ensemble et le réussir.

Le gaz naturel pour la région du Kef et les gouvernorats frontaliers du Nord-Ouest

Par ce temps de froid et de neige, les habitants du Nord-ouest frontalier à l’Algérie déplorent la pénurie du gaz pour se réchauffer et vivent dans la misère et la souffrance. L’Algérie a envoyé à la Tunisie deux bateaux de 10 000 tonnes de gaz liquide destiné à l'usage domestique pour remplir plus de 600 000 bouteilles. Une aide vraiment précieuse pour cette population de ces régions.

L’une des demandes récurrentes des habitants de la région du Kef est que l’Algérie voisine assure son approvisionnement en gaz naturel en marque de reconnaissance aux grands sacrifices des enfants de la région et au soutien apporté à la lutte de libération du peuple algérien. Cette région connue par ses hivers rudes et vu la cherté des bouteilles de gaz au commerce connaitra un certain confort de vie et des économies financières réalisées par les foyers.

Dès le 22 décembre 2018, la ville de Sakiet Sidi Youssef sera approvisionnée en gaz naturel, à partir du gazoduc algérien installé sur la frontière avec la Tunisie. La zone industrielle projetée dans la délégation sera, également, approvisionnée en gaz naturel, ce qui devra dynamiser l’activité économique et impulser l’emploi. Espérons que Le Kef et les autres délégations suivront dans les plus brefs délais.

La zone franche, un serpent de mer annoncé depuis 2003

Depuis seize ans, nous sommes toujours au stade des  études  techniques  de  la  zone  franche  de  Sakiet  Sidi  Youssef. Ouverte aux investisseurs algériens dans le domaine agroalimentaire tant attendue n’a jamais réellement démarré. La question que les citoyens se posent y’va-t-il vraiment une politique côté tunisien pour avancer sur ce dossier qui traine depuis 16 ans.

L’amélioration des infrastructures routières et ferroviaires

Entre les régions frontalières joue un rôle essentiel dans le développement économique et commercial entre les deux des pays et, partant, dans le bien-être de leur population. Pour produire des biens et des services les entreprises dépendent des transports qui leur permettent d'obtenir des matières premières, des pièces détachées de la main d'œuvre et de l'énergie et de faire parvenir les biens manufacturés, les produits agricoles et les services aux consommateurs locaux et aux marchés des deux pays.

Animés par l’esprit du bon voisinage et de l’exploitation optimale des réseaux routiers dans l’intérêt des deux pays, six jonctions de routes nationales sont au stade d’être déterminées. Par ailleurs, les deux parties se sont mises d’accord sur le point de jonction des réseaux d’autoroute des deux pays.

 «Le sort de la Tunisie est lié à celui de l’Algérie» disait le Président Béji Caïd Essebsi.

La coopération sécuritaire entre la Tunisie et l’Algérie a contribué, de manière significative, à accroitre les capacités des deux pays en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé particulièrement dans les zones frontalières. Nous aspirons à une plus grande intégration économique avec l’Algérie, aux fins de construire un partenariat stratégique, solidaire et durable dans l’intérêt des deux peuples frères.

A.K

Vidéo sur les bombardements criminels et barbares :

https://www.youtube.com/watch?v=eBWoIcOoNiE

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