INS : L’évolution des conditions de vie des ménages tunisiens entre 2015 et 2021

INS : L’évolution des conditions de vie des ménages tunisiens entre 2015 et 2021

Selon l’Enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages 2021, publiée vendredi 10 février 2023 par l’Institut national de la statistique (INS), la dépense moyenne aux prix courants par personne et par an s’établit à 5 468 dinars en 2021 en Tunisie, contre 3 871 dinars en 2015, soit une hausse de 41,3% sur l’ensemble de la période 2015-2021.
Cette progression correspond à une croissance annuelle moyenne de 5,9%. Aux prix constants, les dépenses ont connu une quasi-stagnation sur la période 2015-2021.
Les dépenses moyennes par personne par an varient considérablement selon les tranches de la distribution statistique des dépenses. En effet, les ménages appartenant au dernier quintile des dépenses (les 20% les plus nantis) consacraient en 2021 en moyenne 11 767 dinars par tête à leurs achats de consommation contre 2 014 dinars durant la même année par personne et par an chez les ménages du premier quintile (les 20% les moins nantis), soit environ un rapport de un à six.
Au niveau régional, les deux régions du Grand Tunis et du centre-est affichent, comme en 2015, les dépenses moyennes par tête et par an les plus élevées, respectivement à 6 874 dinars (D) et 6 130 D.
En revanche, la croissance de la dépense moyenne annuelle par tête entre 2015 et 2021 était la plus forte dans les régions du nord-ouest (8,9%) et du sud-est du pays (7,9%).
L’enquête montre que la structure des dépenses des ménages observée s’inscrit, en 2021, en rupture de tendance par rapport aux exercices précédents pour certaines rubriques. C’est notamment le cas de la part consacrée aux produits alimentaires dans le budget des ménages qui passe de 28,9% en 2015 à 30,1% en 2021, après une baisse tendancielle durant les dernières décennies.
Cette proportion consacrée aux produits alimentaires atteint même environ 35% chez les ménages du premier quintile de dépense.
De même, la part des dépenses de transport, historiquement à la hausse, a baissé à 6,9% (contre 9,4% en 2015) alors que la part de dépenses allouées à d’autres rubriques, comme celles des produits de santé et d’hygiène, a marqué une augmentation substantielle, sans doute en raison de l’impact de la crise sanitaire.
En 2021, une personne est considérée comme pauvre si ses dépenses de consommation annuelles sont inférieures à 2 536 DT. Ainsi, le taux de pauvreté s’établit à 16,6% en 2021, contre respectivement 15,2% en 2015, 20,5% en 2010 et 23,1% en 2005. Les estimations issues des résultats de l’enquête montrent également une stagnation du taux de pauvreté dite ” sévère ou extrême “, puisqu’il ressort à 2,9% en 2021, soit le même taux qu’en 2015.
Une lecture des résultats de l’enquête par grandes régions reflète une augmentation de la pauvreté dans plusieurs régions du pays entre 2015 et 2021. Il est à noter toutefois que la région du nord-ouest se distingue par une réduction sensible du taux de pauvreté, passant de 28,4% en 2015 à 22,5% en 2021.
Le Grand Tunis affiche pour sa part une légère baisse du taux de pauvreté à 4,7% en 2021 (contre 5,3% en 2015). Le centre ouest demeure la région où le taux de pauvreté est le plus élevé en Tunisie, en augmentation à 37% en 2021 (contre 30,8% en 2015) et son ” gap ” par rapport à d’autres régions, comme celles situées sur le littoral de la Tunisie, reste important.
En outre, et sur la base de la distribution des dépenses totales, les indicateurs d’inégalité entre individus (ou ménages) reflètent, au niveau national, une légère atténuation des disparités.
Ainsi, l’indicateur communément utilisé, à savoir l’indice de Gini, s’établit à 35,3 en 2021 contre 36,5 en 2015. Cependant, cette baisse est entièrement imputable à une réduction importante de l’indice de Gini pour la région du Grand Tunis, principalement due à une baisse de certaines dépenses des ménages les plus aisés durant la crise sanitaire (transports, voyages, loisirs, achats de biens durables…) diminuant les disparités des profils de consommation au-dessus du seuil de pauvreté.
Dans toutes les autres régions du pays, les inégalités auraient légèrement augmenté.

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