ISIE, la nécessaire remise en cause avant la Présidentielle

  ISIE, la nécessaire remise en cause avant la Présidentielle


(Par Abdelaziz Belkhodja) Les milliers de manquements attribués à l’ISIE sont franchement très problématiques, car c’est la même organisation qui va s’occuper de la présidentielle. Nous ne reviendrons pas sur les dizaines de milliers de personnes qui, malgré leur suivi scrupuleux des procédures, ont été interdites de vote, mais nous relevons deux choses essentielles :

1 - Les présidentielles, bien que postérieures aux législatives, ont bénéficié d’un traitement de faveur. La diligence avec laquelle l’ISIE a décrédibilisé les présidentielles en ayant recours à des centaines de milliers de saisies des noms des parrains qu’elle a ensuite croisés pour démontrer les fraudes, ce qui est très bien, alors que concernant les législatives, des manquements basiques énormes ont été relevés sans que l’ISIE ne réagisse, au contraire, elle a systématiquement refusé les critiques.

2 - L’organisation dans des milliers de bureaux de votes a été, à proprement parler, très mauvaise. Bien sûr, dans d’autres bureaux, l’organisation était parfaite. Mais nous parlons ici des manquements.

A commencer par la formation des agents. Nous savons que le même manuel de formation a été distribué aux agents de l’ISIE comme aux associations de contrôle. Or ce sont les associations qui ont joui d’une bonne formation alors que dans les bureaux, les agents de l’ISIE étaient complètement à côté de la plaque, à tous les niveaux, distribution de badges et procédures de vote et de dépouillement.

Ce qui est étonnant, c’est que nous avons l’impression que des milliards ont été dépensés pour rien. Pourtant, pour le poste de « chef de centre » par exemple, des centaines de personnes très capables (au vu des CV) ont été écartées et des personnes aux capacités très moyennes ont été admises.

Lors des opérations de vote, les irrégularités ont été faites par centaines de milliers, très souvent corrigées par les associatifs ATIDE, observateurs étrangers, Mouraqkiboune, etc… Au bout de quelques minutes, les chefs de centres eux mêmes, constatant l’incompétence de leurs agents, demandaient aux associatifs de résoudre les problèmes ! Alors qu’en 2011, une procédure parfaitement au point avait été mise en place, interdisant aux observateurs les remarques en direct.

A l’époque déjà, en 2011, ATIDE avait par exemple mis en place un système où toute remarque de l’un de ses observateurs était immédiatement faite par sms, les messages arrivaient dans un serveur qui les dispachait immédiatement.

C’est-à-dire que nous nous retrouvons dans une situation où les organisations associatives indépendantes sont 100 fois plus élaborées et efficaces que les organisations étatiques, dépendantes de l’autorité, malgré les déclarations d’usages, et disposant de budgets énormes.

Autre manquement très grave relevé dans plusieurs bureaux de vote, les agents de l’ISIE n’étaient même pas nourris. Ils n’avaient droit qu’à un mini cake et une bouteille d’eau alors qu’ils devaient assurer des dizaines d’heures de travail et que le stress a commencé pour eux la veille, quand les observateurs ont découvert qu’ils n’avaient même pas de badges !!

La réalité est que l’incompétence générale a régné dans le fonctionnement de l’ISIE 2014, devant laquelle l’ISIE 2011 apparait comme très en avance. Monsieur Sarsar lui même, très gentil par ailleurs, semble ne pas être la personne idoine à ce poste qui exige une très grande rigidité.

Allons-nous nous diriger vers les présidentielles avec le même staff? Ce serait catastrophique. Nous appelons les autorités compétentes à réagir très vite pour que les futures élections se passent de façon plus organisée.

Abdelaziz Belkhodja