Khemaies Jhinaoui : « La participation de l’Emir du Qatar et des Chefs des Gouvernements algérien et français à Tunisia 2020 est confirmée »

Khemaies Jhinaoui   : « La participation de l’Emir du Qatar et des Chefs des Gouvernements algérien et français à Tunisia 2020 est confirmée »

 

A la veille de la Conférence internationale de l’investissement Tunisia 2020, le ministre des Affaires étrangères Khémaies Jhinaoui nous a accordé, conjointement avec le site de l’Association tunisienne des anciens ambassadeurs« le diplomate.tn », l’interview suivante :

Depuis plusieurs mois vous avez consacré beaucoup d’efforts à la Conférence internationale sur l’Investissement prévue à Tunis les 29 et 30 novembre 2016. Quel rôle joue effectivement le Ministère des Affaires étrangères dans la préparation de cette Conférence ?

K J : Cette Conférence a été l’une des questions essentielles à l’ordre du jour de la dernière Conférence annuelle des Chefs des Missions diplomatiques et consulaires. Elle constitue également un point essentiel de tous mes entretiens avec mes homologues et tous les responsables étrangers qui visitent la Tunisie et lors de mes déplacements à l’étranger.

Les entretiens du Président de la République lors de sa participation à la 71ème session de l’Assemblée générale des Nations unies ont porté sur cette Conférence et les attentes de la Tunisie. La récente visite de Monsieur le Chef du Gouvernement à Paris a été consacrée à la Conférence Tunisia 2020.

Le 22 septembre 2016, en marge des travaux de la 71ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai présidé, avec mes collègues français et qatari, le Ministre canadien de la Coopération et le Vice-président de la Banque mondiale, un « Side-Event » sous le thème : « la Tunisie, réformes et opportunités d’investissement ». Plusieurs Ministres des Affaires étrangères ont participé à cette rencontre pour manifester leur appui à la Conférence de la Tunisie. Leur présence a été si importante que le temps n’a pas permis de donner la parole à tous les invités.

Au cours du mois d’octobre 2016, j’ai effectué plusieurs visites bilatérales, notamment au Koweït, en Roumanie et en Hongrie. Ces visites m’ont permis de rencontrer de très hauts responsables politiques et financiers. Je viens de retourner d’Abou Dhabi ou j’ai eu aussi la possibilité d’évoquer avec le ministre des affaires étrangères cette importante échéance et l’intérêt que nous portons pour que les Emirats arabes unis soient représentées aussi bien au niveau du secteur public que privé a cette Conférence. Le Ministère des Affaires étrangères s’active à faire la promotion de la Conférence internationale sur l’Investissement. Il préside un mécanisme de coordination qui regroupe les pays et les organisations qui soutiennent cette Conférence (Qatar, France, Canada, Banque mondiale, Banque européenne d’Investissement).

Nos Ambassades, nos Missions diplomatiques et consulaires continuent de faire la promotion de la Conférence auprès des milieux gouvernementaux et d’affaires dans les pays d’accréditation. En outre, elles participent activement dans l’organisation des visites que les membres du Gouvernement, dont notamment, le Ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et la Ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables effectuent à l’étranger pour faire la promotion de cet important évènement.

A quelques heures de cet évènement, comment se présentent les choses, en ce qui concerne la participation, le rang des participants et leur disposition à l’égard des objectifs de cette Conférence ?

K J: Nous avons déjà reçu plusieurs confirmations de participation à très haut niveau politique. Il y aura l’Emir du Qatar, le Chef du Gouvernement algérien et le Chef du Gouvernement français.

Le Koweït et la Belgique seront représentés par des Vices Premier-Ministres.

Une représentante spéciale du Président de la République populaire de Chine sera à la tête de la délégation chinoise. Les délégations d’Allemagne et de Suisse seront conduites par d’anciens Chefs d’Etat. La Jordanie, Bahreïn et la Turquie dépêcheront des Chefs de Gouvernement adjoints à la tête des leurs délégations respectives.

Des Ministres présideront les délégations d’Irak, du Cameroun, du Canada, d’Argentine, du Brésil et de Russie. Des Secrétaires d’Etats seront à la tête des délégations de l’Inde, de Tchéquie, de Suède, de Finlande, du Portugal d’Espagne et des Pays-Bas.

En outre, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et la Banque européenne d’Investissement (BEI) seront représentés au plus haut niveau. Les délégations de l’Organisation des Nations unies et de la Banque mondiale seront conduites par des responsables de haut rang, « les numéros 2 ». M. Antonio Guterres, Secrétaire général élu de l’Organisation des Nations unies, sera également présent le 29 novembre, et fera une intervention par vidéoconférence.

Le Président de la République a participé au Segment de haut-niveau de l’Assemblée générale des Nations unies où il a fait la promotion de la Conférence internationale de l’Investissement auprès des dirigeants qu’il a rencontrés, particulièrement le Président Obama et le Premier Ministre canadien Justin Trudeau. Que peut-on attendre de ces deux pays par rapport à cette Conférence ?

K J: Comme vous le savez, un nouveau Président vient d’être élu aux Etats Unis d’Amérique et l’Administration actuelle est partante. Le Soutien politique américain au processus démocratique tunisien a plusieurs fois été confirmé et il est attendu qu’une importante délégation de représentants de grandes entreprises américaines comme General Electric Health Care et autres participent à la Conférence.

S’agissant du Canada, ce pays est aux côtés de la Tunisie et il fait partie des pays promoteurs la Conférence. Je vous disais que le Ministre canadien de la Coopération a présidé, avec moi, l’évènement parallèle du 22 septembre à New York.

De plus, plusieurs réunions périodiques préparatoires de la Conférence se sont tenues au siège du Ministère et le Canada participera à la rencontre ministérielle du 28 novembre 2016, dédiée au suivi des résultats de la conférence. La délégation canadienne sera conduite à un niveau ministériel.

La France est parmi les parrains de cette Conférence. Vous êtes en contact permanent avec votre homologue Jean-Marc Ayrault que vous venez de rencontrer à Marseille. La France ayant été depuis toujours le premier investisseur étranger en Tunisie, que peut-on attendre de la France ?

K J : Comme déjà mentionné, c’est M. Manuel Valls, Chef du Gouvernement qui conduira la délégation française, qui comprend plusieurs personnalités dont le Président de l’Assemblée nationale M. Claude Bartolone. Sa présence témoigne de l’ampleur de l’appui politique de la France au renforcement du processus politique et surtout a la relance de l’économie tunisienne..

Au-delà de cet appui, la France prévoit une importante enveloppe, en guise de soutien à la mise en œuvre du Plan de Développement quinquennal 2016-2020 qui sera présenté aux invités de la Tunisie. Faut-il mentionné également que la délégation française comptera une trentaine hommes d’affaires.

Tout de suite après la Conférence internationale sur l’Investissement se tiendra à Bruxelles le premier Sommet Tunisie, Union européenne. S’agit-il d’une coïncidence, ou y a –t-il un message que la Tunisie veut émettre à l’égard de l’Europe, dont le soutien financier et économique en faveur de la Tunisie reste en deçà des attentes ? L’Europe est notre premier partenaire sur tous les plans et elle nous a gargarisés de promesses et de belles paroles sans qu’on ne voie rien venir. Un sommet va-t-il enfin changer les choses ?

K J: Les relations entre la Tunisie et l’Union européenne ne datent pas d’hier et notre pays a toujours pu compter sur d’appui de son allié européen, depuis plus de soixante ans. Aujourd’hui, force est de constater que nous sommes le pays qui réussit le mieux sa transition démocratique, en dépit de toutes les entraves liées à la menace terroriste, au climat social pas toujours gérable, et a une stagnation de la machine économique.

Aujourd’hui, nous voulons que la Tunisie recouvre sa place économique, au carrefour de la Méditerranée. Maintenant que nous avons réalisé des reformes d’envergure et adopté un nouveau Code d’Investissement, nous espérons que les entreprises étrangères, notamment européennes, reviennent en Tunisie. En fait elles ne l’ont jamais quitté, certaines ont même décidé au cours des dernières années d’élargir et de renforcer leur présence en Tunisie.

La Conférence n’est qu’une première étape qui nécessite un suivi. Nous la concevons comme un nouveau départ pour remettre la Tunisie sur la carte économique mondiale.

Dans les priorités de la diplomatie tunisienne on remarque un intérêt particulier pour les puissances économiques montantes ou émergentes dans le monde. Coup sur coup au cours des derniers mois, la Tunisie a reçu le Vice-président indien, les Ministres des Affaires étrangères de Chine, de Russie et du Brésil. Ces pays seront-ils présents à la Conférence sur l’Investissement et que peut-on attendre du raffermissement des rapports avec eux ?

K J : Mme Ji, Représentante spéciale du Président Xi Jinping conduira la délégation chinoise à la Conférence. Il est prévu que le Gouvernement chinois participe à la réalisation de certains des grands projets qui seront présentés. Le Ministre de l’Economie du Tatarstan présidera une importante délégation d’hommes d’affaires russes. Nous envisageons de multiplier les contacts avec les pays émergents (Brics) qui occupent désormais une place de choix sur la scène économique mondiale et qui pourraient devenir, grâce a une stratégie bien étudiée, des partenaires de choix de la Tunisie.

Propos recueillis par Raouf Ben Rejeb

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