La HAICA aux abois
La démission de Rachida Ennaifer et de Riadh Ferjani de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle(HAICA), a mis à nu les dysfonctionnements internes de cette instance censée « réguler le paysage audio-visuel et garantir la qualité de l’information ». Les deux démissionnaires ont, dans un communiqué commun, expliqué les raisons de leur départ, sans pour autant s’étaler sur les détails perceptibles à travers les lignes. Ils contestent « un tournant qui sape la mission première de la HAICA, à savoir la régulation des médias audio-visuels et particulièrement la garantie de la pluralité et de la diversité des médias ». Les dérives répétées, ajoutent-ils ont fini par « soumettre les médias aux pouvoirs financier, politique et sportif qui exploitent l’instance à des buts autres que ceux pour lesquels des générations de journalistes et d’activistes des droits ont lutté pendant des décennies ». Les deux démissionnaires ont évoqué dans leur communiqué les licences accordées à des chaines de télévision et à de radios, le 24 juillet et le 1er avril derniers, « sous la pression des lobbies du pouvoir, de l’argent et du sport ».
Cette démission s’ajoute à celle de Mohsen Riahi le 08 juillet 2014 et au départ de Raja Chaouachi nommée à la présidence du tribunal de première instance de Tunis et qui n’ont pas été remplacés. Elle pose, également, la question de la gestion de cette instance et notamment celle de son président Nouri Lejmi, maitre assistant à l’IPSI qu’on disait imposé par la Troïka à la tête de la HAICA. Avec ces quatre départs, elle ne pourra plus continuer à fonctionner normalement faute de quorum, à savoir les deux tiers, c’est-à dire six membres sur neuf. Situation inextricable pour cette instance encore provisoire mais qui, selon la Constitution, doit « conserver ses fonctions jusqu’à l’élection de l’Instance de la communication audio-visuelle. »(Article 148, alinéa 8). Et comme le projet de loi portant création de la nouvelle instance n’est pas encore préparé, les choix sont limités. Soit, on doit remplacer les démissionnaires, soit on doit activer la préparation du projet de loi et le soumettre à l’adoption de l’ARP, pour en finir avec ce provisoire qui dure et qui n’est pas sans déplaire à certains membres. Dans ce cas, la HAICA devrait se contenter de gérer le quotidien sans aucun pouvoir de décision. Ce qui risquerait de poser beaucoup de problèmes dans un paysage déjà incontrôlable. A moins que le gouvernement ne décide de s’en occuper.
B.O