Le nouvel ambassadeur de France se trompe sur toute la ligne

Le nouvel ambassadeur de France se trompe sur toute la ligne

 

Le nouvel ambassadeur de France à Tunis s’appelle Olivier Poivre d’Arvor. Tout ce qu’on sait de lui c’est que Tunis sera son premier poste à l’étranger. A part d’être le frère du plus célèbre présentateur de journal télévisé PPDA, il a passé toute sa carrière dans la culture. Ecrivain, homme de théâtre, conseiller littéraire dans plusieurs maisons d’édition, sa seule responsabilité majeure c’est d’avoir dirigé la radio France Culture dont il a été éjecté après cinq ans de bons et loyaux services. Parachuté au Quai d’Orsay grâce à Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères sous Sarkozy, il a été pressenti pour diriger l’ambassade de France à Athènes puis à Bucarest mais il n’a jamais rejoint ni l’une ni l’autre capitale à ce titre. Le seul titre d’ambassadeur, celui de l’attractivité culturelle il l’a obtenu de Laurent Fabius, l’ex-ministre des affaires étrangères. Est-ce le bon profil pour diriger l’ambassade de France à Tunis. Beaucoup en ont douté. Ses premières déclarations leur donnent malheureusement raison. En effet, interrogé sur ses priorités à Tunis par la radio RTL, Olivier Poivre d’Arvor a eu cette déclaration tout à fait surprenante. Selon lui, sa « mission principale », « c’est d’assurer la sécurité des Français qui se trouvent en Tunisie. «Il y a 30.000 ressortissants, presque 15.000 jeunes dans des lycées français.

Ce sont des cibles. Il faut pouvoir les protéger, notamment dans les pays comme la Tunisie dont on sait qu’ils sont fournisseurs de jihadistes». S’il vient en Tunisie rien que pour ça, il se trompe sur toute la ligne. Car en Tunisie ce sont l’armée et les forces de sécurité tunisiennes qui assurent la sécurité et la protection des Tunisiens et des ressortissants étrangers. Peut-être se croit-il dans quelque territoire qui compte sur les étrangers, les Français en l’occurence pour assurer sa sécurité.

De plus les 30.000 ressortissants français dont il parle sont dans leur grande majorité des double-nationaux qui sont donc des Tunisiens dans leur patrie, traités comme leurs compatriotes et l’on ne croit nullement qu’ils vont faire appel à la France pour les protéger.

Drôle de manière de voir. Tout le monde peut être une cible que l’on soit à Paris, à Bruxelles ou ailleurs s’il veut parler du terrorisme aveugle. Puis quel sens va-t-on donner à cette affirmation : « la Tunisie pays (fournisseur) de jihadistes ». La France est aussi un pays fournisseur de jihadistes. D’ailleurs ceux qui ont commis les attentats de Charlie Hebdo et de Paris n’ont connu d’autre pays que la France où ils sont nés et ont grandi.

On attend d’un ambassadeur de France qu’il mette parmi ses priorités de développer les relations multiples et variées avec la Tunisie. Premier partenaire de notre pays, la France serait mieux inspirée de promouvoir sa coopération économique, financière, culturelle, scientifique et autre avec la Tunisie et non s’accrocher à des images préconçues d’autant plus révoltantes qu’elles sont inexactes.

Par de telles déclarations, Olivier Poivre d’Arvor nous rappelle son avant dernier prédécesseur Boris Boillon qui n’est resté que 19 mois en Tunisie. Espérons qu’il n’aura pas le même sort. Les Tunisiens seront vigilants.

Raouf Ben Rejeb

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