L'inintelligible entendement du Président

L'inintelligible entendement du Président

Lazher Akremi est passé hier sur Radio Diwan pour traiter d'un sujet sulfureux et par la même, crever l'abcès. Il vient de porter plainte contre certains ténors du Nida et membres de la famille Caïd Essebsi qui se sont servis, sans modération, des "donations" des Émirats arabes unis destinées à booster les fonds du "parti du vote utile" et lui permettre de gagner les élections de 2014.
Nonobstant que voulant faire avorter le "printemps arabe", des États arabes du Golfe ont financé la vie politique en Tunisie - comme ailleurs - pour la souiller et l'empoisonner, Lazhar Akremi vient de donner un exemple qui montre à quel point le "vote utile" a desservi le pays au profit d'un ramassis de corrompus. Ainsi, il prend ses distances et se venge de ceux qui l'ont écarté après en avoir abusé. Dans un élan de servitude, il s'est même investi du rôle de justifier le "laisser passer" autorisé par BCE de Saïda Agrebi pour qu'elle puisse fuir la justice et s'envoler vers la France. Jusqu'à la fin, il s'est accroché pour être de la partie.
Il a commencé fidèle serviteur de BCE puis de l'équipe de Habib Essid avant de revenir dans l'arène gouvernementale comme ministre conseiller de Chahed. Quelle galère !
Lazhar Akremi a figuré dans "l'équipe de choc" de Beji avec les intermédiaires de la rencontre des deux vieux rivaux à Paris. Il se trouve que l'un des proches du défunt Président est arrêté en Algérie alors que l'autre l'est en Grèce. Quant au dauphin et "héritier cher à son père", il a fini "friqué" réfugié en France. Il n'a même pas pris le risque de rentrer assister aux funérailles de sa défunte mère tellement certain d'être coffré. Le pauvre !

Maintenant, avec l'opération "mains propres" menée tambours battants par Kaïs Saïed, d'autres têtes vont certainement tomber comme d'autres vérités ô combien surprenantes vont surgir, notamment au sujet des assassinats de Belaïd et de Brahmi.
Kaïs Saïed a désarçonné le système certes, seulement en purgeant les machines politique, judiciaire et sécuritaire il faut faire marcher les autres machines à plein régime. Pour le moment, les réformes urgentes (caisses, santé, transport, éducation...) sont toujours au point mort et les autres machines dont l'économique et financière restent grippées et le pays va droit dans l'abîme. Pour le moment, il n'y a que les machines à sous des sangsues qui sont remises en marche. Il fallait s'y attendre. 

Le passage de BCE par la présidence du gouvernement, ensuite les années de sa présidence et de la gouvernance de son parti ont été catastrophiques pour le pays. Le peuple va encore le payer et ça sera ainsi tant que les forces antirévolutionnaires, tel que le PDL de "Abir", et leurs bailleurs de fonds continuent à sévir. 

La "tendance qui se réclame islamique" de Gannouchi depuis 2014, pour garder un pouvoir sur le pouvoir, a mis le pied dans le plat en faisant alliance avec Nida et Beji d'abord, ensuite avec Chahed et TT et enfin avec Karoui and Co. Ainsi Ennahdha est aussi coupable, responsable et complice. La responsabilité politique veut que Gannouchi et sa garde rapprochée démissionnent de la vie politique.

Pour le moment, le Kaiser Président aux commandes promet de nettoyer au karcher pour que la Tunisie puisse faire peau neuve en matière de politique et de gouvernance. Seulement, ce n'est pas avec du populisme, de l'amateurisme et des sorties médiatiques inintelligibles qu'il y arrivera car pour le moment, ses actions et sa démarche dépassent l'entendement.

Pour le moment, seul Jaouhar Ben Mbarek a apparemment compris ce que veut le Président. Il va agir pour changer l'organigramme du gouvernement puisqu'il a opté pour une nomenclature gouvernementale à la Bourguiba de l'aube de l'indépendance. Kaïs Saïed est pour le régime présidentiel où le gouvernement est formé de secrétaires d'État chargés d'administrer des "ministères de tutelle".
Par ailleurs, en plus des élections présidentielles, la seule élection directe est celle des élus locaux où on vote pour des personnes et non pour des listes. De ces derniers sont élus les conseils départementaux qui à leurs tours élisent leurs représentants au sein de l'Assemblée Nationale qu'ils peuvent récuser quand ils les jugent défaillants. Le principe des "poupées russes" en quelques sortes.
Ainsi, l'impact des partis politiques sur la gouvernance du pays est réduit au maximum comme le veut justement le nouveau Président. 

Pour le moment, un cartel présidentiel de constitutionalistes est chargé de concocter une nouvelle Constitution alors que les tribunes politiques connaissent une zizanie sans précédent et la rue aussi en réponse à l'inintelligible entendement du Président. 

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