Lotfi Guelmami, le « Dreyfus » tunisien

Lotfi Guelmami, le « Dreyfus » tunisien

 

L’affaire du colonel Lotfi Guelmami injustement révoqué l’éphémère ministre de l’intérieur Farhat Rajhi continue de défrayer la chronique. Réhabilité par le Tribunal Administratif, depuis plus de cinq ans, il n’ pas jusque là été réadmis dans es fonctions. Tous les ministres de l’intérieur successif lui ont, pourtant promis d’appliquer la décision du TA. Mais rien n’y fit. Guelmami n’abdique pas. Il se bat pour son honneur et pour celui de sa famille. Mais aussi pour l’honneur de la police salie par des pseudo révolutionnaires.

Notre ami Mohamed Chelbi est même allé jusqu’à comparer l’affaire Gulemami à la fameuse affaire Dreyfus  Pour se rendre compte, si besoin est, que nous ne sommes pas des citoyens mais des ouailles, il suffit de comparer l’affaire d’Alfred Dreyfus à celle de Lotfi Guelmami. L’affaire survenue à la fin du 19ème siècle, autour de l'accusation de trahison faite au  capitaine Dreyfus qui est finalement innocenté, est souvent considérée comme le symbole moderne et universel de l'iniquité.

Tous deux, écrit Chelbi dans sa page Facebook, sont des  commis de l’Etat, sécuritaires, irréprochables et compétents. Touts deux victimes de la haine, l’un Juif alsacien et l’autre « zelm ». Tous deux objets de manigances des arrière-cours gérées par des détraqués à la recherche de nouvelle virginité. Alfred Dreyfus et Lotfi Guelmami sont tous les deux victimes de l’iniquité de l’Etat dirigé par les princes des ténèbres. Ils se sont acharnés, l’un et l’autre, à faire valoir leurs droits. Tous les deux ont pu prouver leur innocence et ont obtenu gain de cause. Aussi bien en Tunisie qu’en France, sous la Troisième République encore chancelante en cette triste fin du XIXème, les gens ne considéraient pas les faits mais les personnes. Les ressemblances, combien troublantes, s’arrêtent là.
En France, les démocrates ne se s’étaient pas tus. Ils avaient compris que juger iniquement un individu revenait à en faire autant pour l’ensemble des citoyens. En Tunisie, il n’existe pas de démocrates pour se taire. Partant, ils sont incapables de réaliser que la communauté ne vaut que par le respect des droits de chaque individu.
En France, les gens honnêtes et intelligents ont tout de suite saisi que l’affaire Dreyfus ne se limitait pas au strict cadre d’un citoyen, aux droits bafoués, mais allait au-delà pour menacer les libertés et servir des intérêts de bas étages et des égoïsmes régionaux, idéologiques, raciaux et racistes. En Tunisie, les démocrates, qui ne le sont pas, sombrent dans des considérations partisanes, les yeux bridés, sans aucune perspective quant au devenir du pays.
Les démocrates de France ont su panser, à l’époque, les blessures profondes et gérer l’humiliation de la défaite de 1871 face à l’Allemagne amputant la France de l’Alsace-Lorraine. Ils ne s’étaient attardés ni sur les origines juives du capitaine Dreyfus ni sur son appartenance régionale ni sur sa culture en partie germanophone. En Tunisie tout fonctionne, dans l’affaire Guelmami, autour de son « appartenance » à un régime au nom duquel il servait son pays allant jusqu’à le « calomnier » de présenter le drapeau aux cérémonies de Ben Ali. 
Dans l’affaire Dreyfus le droit d’un citoyen avait triomphé de la raison d’Etat, chérie par les faussaires,. Dans l’affaire Guelmami le droit d’un individu, non citoyen donc, et son honneur sont sacrifiés sur l’autel d’un Etat incapable de faire valoir une quelconque raison.
En France vivait un Zola et paraissait un L’Aurore. Ecrivain, mais journaliste d’abord, l’homme préféra la défense de l’Homme et de la vérité. Il l’avait payé cher : la condamnation et l’exil. Ici, pas de Zola ni d’Aurore non plus. Pour Dreyfus et la France se sacrifiait un Zola dans un « J’accuse » n’épargnant personne parmi les impliqués à commencer par Félix Faure. Pour Guelmami et la Tunisie le Zola de chez-nous n’accuse pas, ne récuse pas, il épargne…

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