Malek Laalaï (pdte de Saybouna): «Les femmes sont harcelées quotidiennement dans les moyens de transport...»

Malek Laalaï (pdte de Saybouna): «Les femmes sont harcelées quotidiennement dans les moyens de transport...»
 
 
Aujourd'hui se tient une conférence initiée par un groupe d'étudiants (es) au sujet du harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes. Un phénomène qui prend de l'ampleur, dont il faut prendre conscience et contre lequel on ne doit plus se taire. 
 
Pour se faire connaître, l'équipe du projet «Saybouna» (à traduire par «Lâchez-nous») se présente  comme un groupe d’étudiants, membre d’AIESEC Carthage.  La présidente elle-même est étudiante à l’IHEC. La nouveauté dans cette conférence est qu’il va y avoir la diffusion d’un court-métrage purement amateur (réalisé par les étudiants eux-mêmes) sur le harcèlement de la femme en Tunisie.
 
Espace Manager: Avez-vous procédé à une évaluation de l'état des lieux afin de déterminer l'ampleur de ce phénomène ?
 
Malek Laalaï : Oui, nous avons contacté près d’une cinquantaine d’ONG qui travaillent sur la thématique de la femme en général et du harcèlement sexuel exercé sur la femme en particulier. J’ai même parlé avec une représentante du ministère de la Femme. J’ai remarqué qu’il existe des centres d’écoute dans à peu près toute la Tunisie ( je ne dis pas ça pour exagérer, mais il y a vraiment des centres d’écoute qui sont tenus par l’ATFD, l’AFTURD … ). Donc, pour répondre à votre question, nous n’avons pas vraiment procédé à une évaluation de l’état des lieux, nous n’avons pas de chiffres exacts par manque de temps (Nous n’avons eu que deux petits mois pour réaliser cette conférence et le court-métrage). Par contre, il existe plusieurs rapports annuels (notamment chez le CREDIF) qui sont détaillés et où nous avons pu avoir quelques informations solides par rapport à cette problématique.
 
Y a-t-il une statistique précise sur le nombre d'actes de harcèlement et dans quels secteurs sont-ils le plus visible ?
 
Le transport bien évidemment. Nous avons surtout remarqué son ampleur lorsque nous avons procédé aux témoignages dans la rue. Les femmes sont harcelées QUOTIDIENNEMENT dans les moyens de transport. C’est d’une calamité indescriptible. Il n’y a malheureusement pas de statistiques précises, nous ne sommes pas censés en faire, mais par contre ce n’est pas normal que nous n’en trouvons pas.
 
Avez-vous des témoignages de quelques victimes et est-ce que des plaintes ont été déposées dans ce sens et qu'en est-il du suivi ? 
 
Non, pas de victimes directes, mis à part les personnes que nous avons interrogées dans la rue. Sinon, comme je l’ai précisé auparavant, il existe des centres d’écoute qui assurent un suivi.
 
Avez-vous constaté qu'il y a une sorte d'impunité autour de ce fléau du harcèlement ?
 
D’impunité non, je dirais plutôt de l’inconscience ou encore de l’insensibilisation. Les femmes sont inconscientes et se laissent faire. Il faut cependant les informer de leur droit, il faut les sensibiliser, les pousser à se défendre, à porter plainte. J’ai eu un appel de la part du ministère du Transport, on m’a affirmé qu’il existe aussi des centres d’écoute à ce niveau, mais personne ne vient se plaindre alors que la femme est harcelée quotidiennement et se plaint tous les jours des transports en commun. Ça relève du paradoxe humain.
 
Comment se fera le suivi de cette action ? 
 
Pendant le troisième panel, les intervenants, en l'occurrence le ministre du Transport, doivent mettre l’accent sur les solutions à entreprendre pour mettre fin à ce fléau. Personnellement, j’aimerai poursuivre cette campagne de sensibilisation, que ce soit en continuant à travailler sur le harcèlement sexuel exercé sur la femme ou bien attaquer d’autres problématiques comme l’exploitation des enfants ou encore la médiocrité de l’éducation scolaire de nos jours. J’y réfléchis encore. Cela dépendra des offres que je recevrai.
Interview menée par J. B. A.