Marzouki-Ghannouchi : après le fiel, le miel

Marzouki-Ghannouchi : après le fiel, le miel

Est-ce le signe de son inconstance ou le symbole de son opportunisme. Après avoir fait la « guéguerre » à Rached Ghannouchi qu’il a accusé de l’avoir laissé tomber pour s’entendre avec son ennemi juré, sinon d’avoir été ingrat à son égard alors qu’il l’a sauvé d’un complot semblable à celui fomenté à ses yeux contre le président islamiste en Egypte Morsy, l’ancien président provisoire Moncef Marzouki est revenu à de meilleurs sentiments à l’endroit du leader d’Ennahdha.

En effet, il a saisi l’occasion du prix Ghandi décerné à ce dernier pour lui adresser un message de félicitations et surtout le faire savoir sur sa page officielle.

Choisi par le mouvement islamiste pour accéder à la magistrature suprême en 2011, Marzouki sait qu’il n’a aucune chance d’aspirer à jouer encore un rôle sur la scène nationale sans l’appui des islamistes. Il estime avoir été trahi par la direction d’Ennahdha qui ne s’est pas rangé à ses côtés quand il s’est présenté à l’élection présidentielle en 2014. Parvenu, malgré les consignes de neutralité de Rached Ghannouchi entre les deux candidats arrivés en tête, à rassembler sur son nom la grande majorité des électeurs d’Ennahdha il a conçu de l’amertume et beaucoup de ressentiment envers le leader islamiste surtout depuis que les proches de ce dernier ont révélé que Ghannouchi avait voté en faveur de Béji Caïd Essebsi.

C’est ce ressentiment qui explique les phrases assassines de Marzouki contre le chef du mouvement islamiste qu’il a qualifié sur France24 de « putschiste » pour s’être allié avec Béji Caïd Essebsi et qu’il « manquait du minimum de morale politique » du fait qu’il a été ingrat à son endroit alors qu’il l’a sauvé d’un coup d’état analogue à celui mené contre le président islamiste Mohamed Morsy en Egypte.

C’est pourquoi, il a continué à s’adresser au « peuple d’Ennahdha » et à lui faire des yeux doux sur le dos de sa direction. S’est-il rendu compte que ce « peuple » reste attaché à son leadership qui a affirmé que ses bases sont « enregistrées au cadastre » selon le bon mot d’Ali Larayedh vice président du mouvement ? Ou veut-il montrer qu’il reste fréquentable surtout que Rached Ghannouchi ne lui a jamais rendu sa monnaie de sa pièce et a continué à lui exprimer du respect tout du moins en public ?

En tout cas, le message de félicitations adressé à Ghannouchi est un revirement de Moncef Marzouki qui aurait eu conscience qu’il vaut mieux pour lui d’être en bons termes avec le président du mouvement islamiste. C’est à la fois de l’opportunisme et du réalisme.

Oublié le fiel, le miel peut changer beaucoup la donne.

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