Mehrez Boudagga « terroriste » ou « martyr » ?

Mehrez Boudagga « terroriste » ou « martyr » ?

 

Il a fallu  une intervention de la députée de Nidaa Tounes Hela Omrane et un post sur sa page Facebook pour que les Tunisiens apprennent que Mehrez Boudagga, le coauteur des attentats de Sousse et Monastir au mois d’août 1987, condamné à mort et exécuté, a été élevé a rang de « martyr » par le mouvement Ennahdha. Interrompue  par le vice président de l’ARP et ancien vice président d’Ennahdha Abdelfettah Mourou, elle a fait part de son indignation de voir le nom d’un « terroriste » figurer dans la liste des martyrs.

La séeance a failli  dégénérer. Car, le président du groupe parlementaire d’Ennahdha, Noureddine Bhiri lui a répondu en affirmant que Boudagga est plutôt un martyr. Il a  été condamné par le tribunal de sûreté de l'Etat » a-t-il expliqué ajoutant que  « cette condamnation en plus des accusations qui pesaient sur lui ont été annulées par l'amnistie générale ».

Alors Boudegga « terroriste » ou martyr » ? Pour répondre à cette question il faut revenir à cette période noire marquée par des affrontements entre le régime du président Bourguiba et les islamistes.

Dans son livre « Les Mouvements Islamistes dans le Monde Arabe, page 184 », l’historien  Alaya Allani évoque les attentats de Sousse et de  Monastir au mois d’août 1987. Ils furent l’œuvre d'un groupe« d’anciens membres du MTI, qui s'est fait appeler Jihad islamique ».  Il explique que ces jeunes jiadistes ont  «  opté pour la radicalisation après l’amnistie de 1984 et la confirmation par le congrès de novembre 1984 de l’option légaliste du MTI ». Ils ont commencé par opérer «  quelques attaques (une poste, un commissariat) de faible envergure ».  

Arrêtés dans le courant de l’été 1986, «  ils ont été condamnés à mort et exécutés à la fin du mois d’août après que le président Bourguiba eut rejeté leurs demandes de grâce ».

Leurs frères ont juré de les venger. Ils ont alors ciblé quatre unités hôtelières à Sousse et Monastir  à la veille de l’anniversaire de Bourguiba, soit dans la nuit de 2 août 1987, en y déposant des bombes artisanales qui ont fait 13 blessés pami les touristes notamment dont deux ont été amputés de leurs jambes.

Toujours selon Alaya Allani ils « ont revendiqué » ces attentats tout comme « le plus sérieux des débordements violents » enregistrés pendant cette période.

« Moins d’une dizaine de jours après, au terme d’une enquête de police, l’un des membres du groupe, Mehrez Boudegga, a été arrêté. Condamné à mort au grand procès de septembre 1987, il a été exécuté le 8 octobre en même temps que Boulbaba Dekhil, auteur d’un vitriolage sur la personne d’un membre du PSD ».

Après une longue instruction, la cour de sureté de l’Etat  a également, condamné, par contumace,  à la peine capitale de hauts dirigeants d MTI. Il s’agit de  Ali Larayedh, Hamadi Jebali, Salah Karkar, Abdelmadjid Mili et Fathi Mâatoug.  Alors que Rached Ghannouchi et Fadhel Baldi ont été condamnés à perpétuité.

D’autres comme Noureddine Bhiri ont été acquittés.

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