Mourou sort d’une porte pour rentrer par la grande : Départ ou vrai retour ?

Mourou sort d’une porte pour rentrer par la grande : Départ ou vrai retour ?

 

Le plus emblématique des dirigeants d’Ennahdha, Abdelfattah Mouru est déchargé de toute fonction au sein des structures du parti islamiste new-look. Il n’est pas mis à la porte mais c’est sa volonté de prendre du champ. Appelant au rajeunissement du mouvement, il s’est mis en harmonie avec ses idées en ne se présentant pas à l’élection du Majlis Choura. Toutes les autres fonctions émanaient de celui-là. Ainsi il n’est plus « vice-président représentant personnel du président » un poste qui lui a été taillé sur mesure mais qui était plus qu’honorifique puisqu’il n’avait prise sur aucune structure du parti. Electron libre, Mourou a pris ses distances par rapport au mouvement une première fois dès1986 en se déclarant contre toute action violente. Après la révolution, il est resté sur cette position et s’est même présenté à la tête d’une liste indépendante pour l’élection de l’assemblée constituante en octobre 2011. Se rendant compte qu’ « on n’est rien en dehors du mouvement, tout à l’intérieur », selon le mot de Rached Ghannouchi, le co-fondateur avec ce dernier de la Jamaa Islamia dans les années 1970 décide de revenir au bercail. Il revient en force sans perdre pour autant sa liberté de parole.

Tête de liste à Tunis d’Ennahdha pour les élections législatives de 2014, il est l’un des architectes de la « cohabitation » entre les islamistes et Nidaa Tounés au sein du Parlement qui va préfigurer la coalition quadripartite au gouvernement. Excellent tribun, à la gouaille légendaire, toujours accoutré dans une Jebba flamboyante pour affirmer ses racines tunisiennes, cet avocat à succès est aussi un homme cultivé, aimant la bonne chère et la musique tant sacrée que profane, polyglotte, il est aussi un germanophile accompli. Va-t-il prendre sa retraite. Certes à 68 ans, la tentation est grande. Mais ce n’est pas dans le caractère de l’homme. Alors va-t-il se « spécialiser » dans la prédication. Cela ne fait pas de doute. Il excellera dans cette tâche. Mais qui pourrait douter qu’il ne fasse pas de la propagande pour sa chapelle. En tout cas, il conserve son poste de vice président de l’assemblée des représentants du peuple, une tribune qui lui permet de rendre d’éminents services à son mouvement. En 2019, il verra bien. Sera-t-il alors propulsé conseiller de premier plan du nouveau président de la République qui s’appellera Rached Ghannouchi. Les amendements portés aux statuts d’Ennahdha donnent maintenant au président du mouvement la possibilité de concourir pour la magistrature suprême.

R.B.R.

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