Pravdisme aléatoire et piège américain

Pravdisme aléatoire et piège américain

Faire de l’investigation dans le cadre d’une chronique serait maladroit. Suggérer aux journalistes de terrain de séparer le bon grain de l’ivraie serait en revanche fort utile. Pourquoi les communiqués divergaient notablement sur la visite d’une délégation américaine au Palais de Carthage, le soir du 12 août dernier? Plus précisément, pour quelle raison, le communiqué de la présidence tunisienne avait omis la mention faite « au retour rapide à une démocratie parlementaire », ainsi qu’au « besoin urgent de nommer un chef du gouvernement », qui « ressortait quasiment en « pop-out » dans le communiqué officiel de la Maison Blanche.

La question est légitime, la réponse est nécessaire. Il y va du crédit de l’État « pur », qui s’attelle d’aplomb à la lutte contre la corruption, tout autant qu’à la moralisation démonstrative de la classe politique, outrageusement sermonnée par Kais Saied, depuis deux semaines. Ayant droit, coup sur coup droit au « caniveau » aux « eaux dormantes », et autres honneurs populeux, encore appréciés dans une agora contrôlée mais en transe …..

Carthage n’a certes pas brillé par sa transparence depuis l’ère Kais Saied. On avait le choix entre une omerta, une propagande et un monologue….La communication présidentielle était jusque-là plus monarchique que républicaine, plus solennelle qu’officielle. Un brin auto-biographique. L’ensemble des conseillers du prince n’y aidaient point. Quasiment tous issus des rangs du conseillisme et du communisme le plus réfractaire à l’information, ils se sont jusque-là contentés de faire du pravdisme aléatoire, faute d’un ministère de l’information.

Néanmoins, il ne s’agit pas d’une rencontre avec un membre des coordinations du président, sournoisement bombardé gouverneur, contre toute attente, et alors que le mobile suprême du « changement » était « la présence d’un danger imminent ».

Un danger qui nous laisse encore le temps de nommer des novices qui apprendraient sur le tard. Une urgence qui n’exige aucune compétence encore moins une expertise ! Excusez du peu. Il ne s’agit pas d’un entretien téléphonique avec le président Algérien, partiellement et timidement rendu public. Ce n’est pas non plus un énième ratage africain…

Le président vient de rencontrer l’émissaire de la superpuissance mondiale, dont la communication est réglée comme une montre suisse, où l’open Gov n’est pas une simple pirouette à des fins d’intelligence, mais bel et bien une obligation exécutive. Comment peut-on croire une seule seconde que Washington puisse s’aligner sur le pravdisme aléatoire du conseillisme de cour à Carthage ? Comment ne pas avoir vu le scandale d’une communication à l’URSS ?

La diplomatie tunisienne devrait se saigner aux quatre veines pour assurer le service après-vente. Jarandi pourrait jeter l’éponge face à autant de bourdes de la bande à Lénine. 

Sur le plan moral et social, l’image du président pur et dur en prend un sacré coup. Amorti par le populisme éditorial et populaire, mais non sans conséquences.

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