Révocation Chawki Tabib : l’esprit revanchard d’Elyès Fakhfakh prend le dessus

Révocation Chawki Tabib : l’esprit revanchard d’Elyès Fakhfakh prend le dessus

 

Le désormais ex-président de l’INLUCC, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats, Me Chawki Tabib n’est pas un enfant de chœur et comme tout homme public, il y a ses tares, mais le démettre par un trait de plume et plus est par un chef du gouvernement démissionnaire, Elyès Fakhfakh bouté dehors pour un conflit d’intérêt constaté par sa victime du jour restera dans les annales comme l’acte de revanche le plus rapide et le plus contestable.

Elyès Fakhfakh a-t-il le droit d’ailleurs de démettre de ses fonctions le président d’une instance indépendante comme l’INLUCC chargée de contrôler les biens et les intérêts de toute la classe politique et de toutes les hautes charges de l’Etat. Même si cela est possible du point de vue du droit, il parait tout à fait illégitime du point de vue éthique et politique. Fakhfakh considère que le parallélisme des formes lui permet de démettre le président de l’INLUCC du fait que le chef du gouvernement (c’était en fait Habib Essid) qui l’avait nommé.

Cependant le professeur de droit administratif, Ridha Jenayeh lui conteste absolument ce droit. Car si le chef du gouvernement « nomme les membres de l’instance parmi les personnalités dont la compétence est reconnue », selon la loi portant création de ladite instance, rien dans ce texte ne lui permet de s’arroger le droit de démettre le président ou un des membres de l’instance. Les choses seront encore plus compliquées lorsque l’instance constitutionnelle entrera en fonction puisqu’il faut dans ce cas justifier cette révocation et en faire état à l’ARP qui elle décidera de la suite à donner.

Mais ce qui est encore plus grave selon le professeur de droit c’est que le chef du gouvernement en charge des affaires courantes empiète sur les prérogatives de son successeur. Sa position de chef de gouvernement démissionnaire ne lui donne point le droit de révoquer le détenteur d’une haute charge de l’Etat.

Il ne fait de doute que c’est l’esprit revanchard d’Elyèes Fakhfakh qui a pris le dessus. On se rappelle qu’il a dit que Chawki Tabib n’était pas un magistrat pour le juger et qu’il s’est montré particulièrement irrité contre lui estimant qu’il a joué un grand rôle dans ce qu’il considère comme une machination ayant conduit à sa perte

Il a mis du temps pour se résoudre à prendre cette décision. Il le fait à quelques jours près de la fin de sa mission à la tête du gouvernement. On se rappelle qu’il n’a pas eu les mêmes scrupules puisqu’il a limogé les ministres appartenant au mouvement Ennahdha le jour même de la remise de sa démission puisque ce parti avait pris la décision de lui retirer sa confiance.

Raouf Ben Rejeb

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