Samir Dilou boude « son congrès » ?

Samir Dilou boude « son congrès » ?

 

S’il y a quelqu’un dont tout le monde a remarqué l’absence au congrès d’Ennadha, c’est bien Samir Dilou. Homme clé du mouvement, ministre de la justice transitionnelle et des droits de l’homme dans le gouvernement de la Troïka, un poste qu’on lui a taillé sur mesure et qui a été ensuite supprimé, il a été aussi le visage et la voix du parti islamiste. Non seulement parce qu’il a cumulé son poste de ministre avec celui de porte parole du gouvernement mais parce qu’il était (et il demeure encore) apprécié des médias où il est un bon débatteur qui n’a pas sa langue dans sa poche. Membre influent de la direction du mouvement, il a toujours défendu une ligne médiane. Sans rien renier du passé « frères musulmans » de son parti, il s’est inscrit dans la ligne de « tunisianité » revendiquée et pleinement assumée du mouvement islamiste. C’est pour cette raison que son absence du congrès a été non seulement remarquée, mais plus est regrettée, même par ceux qui n’ont jamais partagé ses idées. Que s’est-il passé pour qu’un homme de juste mesure, porté sur le compromis ait décidé de bouder un congrès à la promotion duquel il a dû déployer beaucoup d’efforts et faire preuve de tant d’ingéniosité. Il boude dit-on puisque certains affirment l’avoir vu dans son fief bizertin. Il n’est pas le seul. Ameur Larayedh et Noureddine Arbaoui deux autres poids lourds du mouvement sont dans le même cas. Les trois seraient en désaccord sur la motion politique du parti. Eux n’ont confié à personne leurs états d’âme. C’est cela aussi l’appartenance à Ennahdha. Quand on n’est pas d’accord, on rumine sa colère dans son coin. On n’en dit pas un mot. Alors que dans d’autres partis on fait le tour des plateaux radio et télévision pour laisser éclater son courroux, chez les islamistes on ne laisse rien transparaitre. Cela finit par se régler en interne et on retourne au bercail comme si de rien n’était. Le vice-président du mouvement et ex-coordinateur général Abdelhamid Jelassi aurait menacé de quitter le parti en refusant l’orientation générale du congrès, dit-on. Mais là aussi vous ne trouvez nulle part la trace d’une déclaration confirmant ce genre de nouvelle. Tout au plus entend-on quelqu’un insinuer la chose ou en parler de façon indirecte. Sur ce plan, Ennahdha restera un parti à part. La cohésion interne semble être la priorité de chacun et de tous. Les divisions, les scissions ce n’est pas le genre de la maison. Visant Hamadi Jebali démissionnaire, Rached Ghannouchi a dit un jour : on est tout au sein du mouvement, mais rien du tout en dehors. Abdelfattah Mourou en a fait l’expérience quand il a quitté le mouvement avant d’y revenir. Alors Dilou et les autres reviendront au bercail plus vite qu’on ne peut le penser. C’est leur intérêt et probablement aussi l’intérêt du mouvement.

R.B.R.

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