Tunisie : Injures racistes, un étudiant sénégalais jugé et libéré

Un étudiant sénégalais de 28 ans, inscrit en électromécanique à Sfax, a été arrêté par la police, avant d’être jugé et relâché. Victime de propos racistes

de la part d’un jeune délinquant connu sous le nom de Hayri, l’étudiant a tenu à laver lui même l’affront. S’ensuivra une violente bagarre qui se solda par un nez cassé.

Etabli depuis plus de trois ans dans la capitale du sud, cet étudiant sénégalais inscrit en électromécanique est connu pour son sérieux et son respect des valeurs éthiques. Ce jour là, il eut le malheur de croiser le chemin de Hayri accompagné de sa bande. Abreuvé d’insultes racistes de la part de l’énergumène, le sang du Sénégalais n’a fait qu’un tour. Ce dernier, physiquement plus fort que son agresseur verbal, lui infligea une bonne raclée qui se solda par un nez cassé.

La police, qui s’est saisie de l’affaire, n’a rien voulu comprendre, et s’en va dare dare cueillir l’étudiant, avant de le placer en garde à vue. Et c’est au tribunal que ce dernier atterrira. Au cours du procès, on lui reprocha presque implicitement de s’être… défendu de la sorte, alors qu’on l’avait traité de guira guira, ghird, kahla et de bien d’autres injures racistes. N’eût été l’intervention d’un avocat de bonne volonté, qui s’est chargé de le défendre lors du procès, jusqu’à obtenir sa libération, l’étudiant aurait pu croupir en prison.

D’après une source présente au moment de l’altercation qui finit par prendre des allures de bataille rangée, la police aurait arrêté l’étudiant l’accusant d’être à l’origine de la bagarre. C’est ainsi qu’il fut arrêté et incarcéré dans un quartier à haute sécurité où les délinquants notoires sont gardés.

L’ambassade du Sénégal en Tunisie, pourtant informée, n’a pas daigné se déplacer pour s’enquérir de la situation du jeune inculpé. Ce silence glacial aurait-il pour cause la peur d’un incident diplomatique ? On ne le sait !? Toujours est-il que cette attitude a choqué la communauté estudiantine sénégalaise dans notre pays.

Le comble, c’est que la famille du jeune tunisien blessé aurait réclamé une bagatelle de 420 mille dinars pour des soins. Les camarades du jeune étudiant, originaire de la banlieue de Dakar, avaient même enclenché une opération de collecte pour venir en aide à leur compatriote.

S’il est vrai que notre pays est connu pour son accueil légendaire et son respect pour autrui, il ne faut pas occulter un autre fait, (une gangrène j’allais écrire) qui, d’ailleurs, ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. De plus en plus d’étudiants noirs africains sont victimes d’injures racistes chez nous. Dans certains quartiers populaires, dans la rue ou les moyens de transport, quand ils ne sont pas victimes de jets de pierres de la part de nos mômes, il n’est pas rare de les voir assaillis de sobriquets réducteurs et peu amènes, du genre guira guira, guird, abid, wassif, chocolata... Il est temps que l’on arrête la politique de l’autruche en considérant, comme en Europe, les injures racistes, comme un délit. Reconnaître déjà le mal dans nos murs serait le début d’une bonne thérapie. Malheureusement, le chemin est long et fastidieux, car les mentalités ont encore la… peau dure.

O. D.