Tunisie : La Guerre des pouvoirs menace la République !

Tunisie : La Guerre des pouvoirs menace la République !



Tous les observateurs savent que le courant ne passe pas entre la Présidence de la République et la Présidence du gouvernement.Les discordances ont commencé à être remarquables avec le différend au sujet du mouvement du corps diplomatique.

Du côté de la Kasbah, on a estimé que Marzouki bloque injustement les nominations proposées par le ministère des Affaires étrangères malgré le caractère urgent de la décision vu l’arrivée à grands pas des échéances électorales, alors que du côté de Carthage on a estimé que ce dossier est du ressort de la Présidence et qu’il est logique qu’elle prenne le temps nécessaire pour les valider.

Ces discordances se sont amplifiées après les tensions entre le Président provisoire de la République, Moncef Marzouki, et le ministre de la Défense Ghazi Jeribi.

Selon de nombreuses sources, Marzouki n’a pas apprécié que Jeribi prenne certaines décisions stratégiques dans le domaine de la sécurité militaire sans le consulter. Il a encore une fois estimé que le dossier de la défense est de son ressort et que le ministère doit demeurer sous sa tutelle.

Mais il semble que les choses se soient envenimées encore ces derniers jours, puisque les médias proches de chacun des deux camps ne cessent d’essayer de jeter la responsabilité de ce qui se passe sur le camp d’en face.
 
Du côté de certains qui defendent la position de la Présidence de la République, on ne cesse d’alerter "sur le péril en la demeure", estimant dans des propos très partagés que : « Le gouvernement Jomâa est en train de connaître une grave déviance sous l'effet de deux ministres omniprésents et de personnalités très proches derrière le rideau. Un de ses ministres est celui de la police qui s'arroge de plus en plus de pouvoirs régaliens jamais égalés, réduisant le ministre de l'Intérieur à la portion congrue chose grave, sinon gravissime...L'autre ministre, celui de la Défense, est en conflit ouvert avec la haute hiérarchie militaire et semble nommer, à des postes stratégiques, des personnalités largement discréditées. Preuve en est la faillite des renseignements militaires et la tragédie du Chaâmbi».

Les proches de la Présidence de la République expriment leurs inquiétudes « sur le devenir de cette transition, dite démocratique » ajoutant que : « Les cent prochains jours qui nous séparent des élections vont être cruciaux. De deux choses l'une ou M. Jomâa laissera son empreinte dans l'histoire en amenant le bateau à bon port ou la Tunisie connaitra heurts et malheurs. »

Alors que du côté de ceux qui défendent les positions du gouvernement, on estime que les dangers que court la République sont dus à l’attachement de Marzouki "à accaparer toutes les stratégies et décisions relatives à la défense nationale", "ainsi qu’à ses erreurs dans le choix des hauts cadres militaires, sans parler de ses erreurs diplomatiques particulièrement avec l’Algérie et la Syrie".
 
Ils ajoutent que le manque de concertation et de coordination entre Marzouki, en charge du dossier de la défense, et le gouvernement, est la cause de cette inefficacité dans le traitement du dossier du terrorisme car il y a trop de capitaines à bord.

Néanmoins, sans chercher à savoir qui a tort et qui a raison, nous pouvons dire que la Tunisie passe par l’une des plus délicates phases de son histoire et que sa transition démocratique est plus que menacée non seulement par le terrorisme, mais surtout par de nombreuses parties internes et externes qui ne veulent pas qu’elle s’achève par une réussite.

C’est pour cela que l'armée doit être éloignée des tiraillements politiques, de la guerre des égos et de cette guerre du pouvoir entre Marzouki et Jomâa qui doit impérativement s’arrêter en urgence pour l’intérêt suprême du pays. Un pays qui a plus que jamais besoin d’une union nationale autour d’une autorité unifiée, forte et cohérente.

K.B.M.