Tunisie - Que cachent les révélations d’Ayoub Messaoudi ?

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Ayoub Messaoudi, ex-conseiller médiatique du Président Marzouki, a démissionné de son poste le 28 juin dernier.

Après avoir claqué la porte du Palais de Carthage, il n’était plus revenu sur les raisons de sa démission. Il y a deux jours, Ayoub Messaoudi a accordé une interview à la chaîne de télévision Al Tounissia au cours de laquelle il a levé un pan sur les raisons qui l’ont poussé à partir. Des révélations qui en disent long sur ce qui se passe actuellement dans l’enceinte même du Palais de Carthage.

"Rachid Ammar et Abdelkarim Zbidi,

au courant de l'extradition de B. Mahmoudi

sans en aviser le chef de l'Etat"

A propos de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi, principale raison de la crise politique qui s’est déclenchée, M. Messaoudi affirme que "le général Rachid Ammar et le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi étaient au courant de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi et n'ont pas informé le président de la république, Moncef Marzouki", précisant que " cette opération s'est déroulée à l'aéroport militaire d’Al Aouina en présence du chef d'état major libyen sans que Marzouki en tant que chef suprême des armées ne soit avisé".

Suite à ce camouflet, Ayoub Messaoudi a recommandé au chef de l'Etat de mettre fin aux fonctions du ministre de la Défense, mais cette recommandation est restée sans réponse.

Ayoub Messaoudi ajoute que "certains conseillers du président appartenant au CPR travaillent afin d'isoler Moncef Marzouki de la réalité politique et font tout pour lui cacher certaines vérités".

''Des tentations et des postes diplomatiques

prestigieux contre mon silence"

Ayoub Messaoudi n’a pas tout révélé sur Al Tounissia. Après coup, il a signifié à Sofiène Ben Farhat, animateur à Al Tounissia et à Shems FM, dans un entretien téléphonique que plusieurs postes clés dont celui d'ambassadeurs en Arabie Saoudite et d'autres hauts postes administratifs lui ont été proposés, en contrepartie, il devait garder le silence face à ce qui se passait dans les coulisses de la présidence de la république et surtout en ce qui concerne l'extradition de Baghdadi Mahmoudi.

Ennahdha pointé du doigt

Ces révélations ont alimenté les discours sachant que la démission de M. Messaoudi n'est pas la conséquence directe d'une décision ni la colère qui a suivi l'extradition de Baghdadi Mahmoudi. C'est le résultat d'une accumulation d'erreurs, qui selon l'intéressé, ont provoqué son ras le bol et son départ.

A ce titre, M. Messaoudi pointe Ennahdha du doigt qu'il présente comme un nouveau RCD aux mêmes méthodes mais sou l'habit religieux. Selon l'ex-conseiller médiatique de Marzouki, Ennahdha cherche la main-mise sur la vie politique du pays et s'est éloignée de la Révolution et de ses objectifs. Elle n'est intéressée que par le pouvoir, selon Ayoub Messaoudi.

Des dossiers mis dans les placards

Reste que Ayoub Messaoudi a tenu à préciser que le désaccord entre Moncef Marzouki et Hamadi Jebali n'est pas lié à l'extradition de Baghdadi Mahmoudi mais a débuté bien avant cela. Plus précisément le 9 avril et ce qui s'est passé à l'Avenue Habib Bourguiba comme violences contre les manifestants.

Tout comme, il dénonce les mauvaises intentions du gouvernement concernant des dossiers brûlants qui n'ont toujours pas été ouverts. Des dossiers comme celui des snipers, celui de la réforme, celui de la corruption, et M. Messaoudi constate que face à cet "immobilisme" le Palais de Carthage est toujours resté inactif, en référence à certains membres du CPR, composant l'entourage de Moncef Marzouki et qui ont mis le président dans une "bulle".