Tunisie : À quoi sert un gouvernement, s’il ne peut anticiper ? 

Tunisie : À quoi sert un gouvernement, s’il ne peut anticiper ? 

Par Amine Ben Gamra

Actuellement dans notre cher pays, la misère s’est insérée petit à petit dans l’espace public. Le riz, le sucre, le café, l’huile, les cigarettes et la liste des produits de première nécessité devenus introuvables s’allonge de jour en jour. 

Au début de la pénurie de sucre, le ministère de la Santé avait fait une campagne sur le thème du sucre nuisible pour la santé. En fera-t-il de même pour le tabac maintenant que le gouvernement ne peut plus acheter de cigarettes ? À moins que, comme à l’accoutumée, on impute à des spéculateurs la disparition de certaines denrées plutôt que de reconnaître que les caisses de l’État sont vides et que le gouvernement est défaillant.

Même sur le marché parallèle, la plupart des denrées manquent. Ce qui se passe actuellement n’est pas vraiment une question de spéculation.

Le lait va rejoindre les absents des rayonnages, la filière se porte très mal. Beaucoup d’éleveurs baissent les bras et vendent leurs vaches. La diminution du cheptel est estimée entre 20 % et 30 % sur les trois dernières années. La filière est en train de mourir. Le problème de la pénurie de lait est saisonnier, on rumine les mêmes doléances tous les ans sans que ça ne s’améliore. Ce risque d’effondrement du secteur n’est qu’un dysfonctionnement parmi d’autres d’une économie tunisienne en berne, comme le prouvent les pénuries de ces dernières semaines. La production de céréales ne couvrira pas les besoins des Tunisiens au-delà de novembre….

L’effet boule de neige subit une accélération et l’avalanche n’est pas loin, elle aura la forme d’échéances de la dette de plus en plus lourdes.

Après une décennie chaotique, la Tunisie n’est plus à une contradiction ou à un mirage près. Les citoyens qui revendiquaient notamment un mieux-être économique sont fortement impactés par une crise qui n’est pas de leur fait mais dont ils subissent tous les effets.Ils sont las de patienter, de prendre sur eux et d’être mis devant le fait accompli.

Jusqu’à quand va-t-on continuer de parler de réformes structurelles pour relancer une économie tunisienne en panne. Des déclarations officielles qui n’apportent rien de nouveau. Il s’agit de redites soporifiques qui cherchent à donner l’impression que le gouvernement travaille, or, en réalité ces chers ministres continuent de faire du surplace. Il faut attendre les subventions étrangères décaissées à la faveur d’un événement international ou d’un autre pour effectuer une hâtive et approximative réhabilitation de l’urbain. 

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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