Un Mourou imperturbable gagne la partie chez El Wafi

Un Mourou imperturbable gagne la partie chez El Wafi
 
 
Le vice-président d’Ennahdha, Abdelfattah Mourou, en acceptant d’être l’invité principal de Samir El-Wafi dans son émission dominicale sur El-Hiwar Attounsi  savait  qu’il risquait gros. 
 
Alors il s’est blindé et à l’évidence il ne s’en est pas laissé conter. Le Cheikh à la Jebba bariolée et l’A3mama bien nouée a tout fait pour contrer les attaques dont il a fait l’objet. 
 
Monopolisant la parole s’il le faut, haussant le ton quand c’est nécessaire, tel un boxeur sur un ring il répondait au coup par coup et n’hésitait pas à recourir aux coups en bas de la ceinture quand les arguments ne suffisaient pas.
 
La chaîne qui faisait l’objet d’une campagne de boycott savait aussi qu’elle avait affaire à un dur à cuire. Alors elle n’a pas hésité à envoyer la grosse artillerie pour le contrer.  A part un El-Wafi qui semblait timoré et en tout cas dans une petite forme, le renfort est venu de  Naoufel Ouertani qui n’avait pas froid aux yeux. 
 
Jamais ces deux  n’ont été alignés ensemble pour porter la contradiction. C’est qu’il y avait péril en la demeure. Les appels au boycott relayés par les réseaux sociaux avec la bénédiction sinon la contribution active des sites et de la chaine Zitouna proches des islamistes ont commencé, semble-t-il à porter leurs fruits puisque l’audience d’El-Hiwar Attounsi du « prime time » commence à s’effriter, ce qui est dangereux pour cette chaîne qui compte exclusivement  sur la publicité particulièrement à la veille du mois de Ramadan au cours duquel elle engrange l’essentiel de ses recettes.
 
Imperturbable, Mourou n’a pas perdu son sang-froid quand bien même on aurait essayé de le déstabiliser. Son discours, bien rôdé était cohérent et en tout cas loin d’être décousu. A la longue on a oublié de quoi il était question pour ne voir qu’un Mourou au milieu du ring et ses sparring-partners tentant de lui donner des coups de tous les côtés. Mais leurs tentatives étaient vouées à l’échec, car l’homme s’est entouré d’une carapace, l’air de dire : vous pouvez tout essayer vous ne m’aurez pas ! El-Wafi et son comparse ont tout mis en œuvre y compris les armes lourdes pour marquer des points, car dès le départ, il était dit que le KO était impossible.
 
Alors à la question qui devait faire mouche de la proximité d’Ennahdha avec les « Frères musulmans », le Cheikh qui s’y attendait forcément, car il ne manquait ni d’intelligence ni de flair, la réponse était toute faite et imparable : « C’est vrai, au début c’était notre référence, mais nous avons coupé les ponts à la fin des années 1970 et depuis plus rien ». On a eu beau faire venir un journaliste-écrivain, Mondher Bedhiafi (qui a publié un livre sur le sujet) et le pousser à dire l’entière antithèse de ce que prétend Mourou preuves à l’appui, (c’est dans le livre d’ailleurs), celui-ci ne change pas son discours d’un iota. Le VTR qui voulait aussi montrer son « double discours » sur le sujet illustré d’un Tarzan sautant de branche en branche  ne l’a aucunement perturbé. Il a fait comme si de rien n’était.
 
Le poète Moncef Mezghanni qu’on a voulu mettre sur sa route pour l’enquiquiner, outre qu’il était en retard à l’allumage s’est trouvé dans l’incapacité de sortir Mourou de ses gonds. Il était tellement préparé à poser la « question qui tue », celle de la relation Ennahdha-Frères musulmans, qu’il l’a fait prématurément rompant le charme et donnant à son interlocuteur le temps d’y réfléchir. Les attaques contre l’Assemblée des Représentants du Peuple dont il est également le vice président, n’ont pas eu raison non plus de son  flegme. L’absentéisme des députés qui est une réalité qu’on ne peu maquiller, il n’en fait pas grand cas, l’air de dire : Et alors, c’est l’ordre des choses !
 
Abdelfattah Mourou tel un caméléon qui  prenait la couleur de la branche qui le portait changeait de registre comme il change de Jebba, avec le sourire et l’air entendu en sus. Il était dit hier qu’alors qu’on voulait le mettre KO dont il ne se relèvera pas, lui a gagné la partie aux points. Alors EL-Wafi et Ouertani peuvent aller se rhabiller. Ils ont trouvé plus coriace qu’eux.
 
Raouf Ben Rejeb 
 

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