Voilà pourquoi Rached Ghannouchi ne briguerait pas la présidence du gouvernement

Voilà pourquoi Rached Ghannouchi ne briguerait pas la présidence du gouvernement

Selon les déclarations des dirigeants d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, le président du mouvement qui a obtenu le plus grand nombre de sièges dans le prochain parlement est le plus habileté à diriger le prochain gouvernement. Le règlement intérieur du parti lui donne la préséance pour candidater à toute haute fonction de l’Etat. On dit même qu’il aurait obtenu l’aval de ses « amis » turcs et qataris qui lui auraient promis aide et soutien. Il a rencontré tout dernièrement le président turc Erdogan et le ministre qatari des affaires étrangères.

Or, si l’article 89 de la Constitution lui donne le droit de former le gouvernement dans un délai d’un mois renouvelable une seule fois, des observateurs avertis pensent que le président d’Ennahdha déclinerait la proposition des siens et choisirait un autre candidat soit parmi les dirigeants de son mouvement soit parmi des personnalités indépendantes. Et il a sa propre liste et son « oiseau rare » dont il dévoilera le nom au moment opportun.

Les raisons de refus de cette proposition sont multiples et tiennent notamment à:

  1. Rached Ghannouchi est un homme âgé, il a plus de 78 (il est né en juin 1941). Par conséquent, il ne pourra pas supporter un rythme soutenu de travail et ce bien que le président du Conseil de la choura Abdelkrim Harouni ait prétendu que son président travaille 21 heures par jour !
  2. Ghannouchi, un homme politique par excellence, n’a jamais occupé une haute fonction dans l’Etat. Il s’est toujours comporté en tant que chef de parti et non en tant qu’homme d’Etat. Il ne sera pas épargné par la critique et tout faux pas sera comptabilisé. Se hasarder à prendre la tête du gouvernement en période crise, serait prendre un risque énorme. L’exemple de Hamdi Jebali et d’Ali Lareyadh qui ont lamentablement échoué à la tête du gouvernement, est toujours présent. En cas d’échec il quitterait par la petite porte, ce qui impacterait fortement son mouvement.
  3. La politique du chef d’Ennahdha, au cours des huit dernières années, consiste essentiellement à tirer les ficelles derrière le rideau, sans se mettre au-devant de la scène. Ce faisant, il a réussi assez souvent à agir sur le cours de vêtements dont notamment le soutien indéfectible apporté au chef du gouvernement Youssef Chahed contre la volonté de Feu Béji Caid Essebsi.  D’ailleurs, au cours de la campagne électorale, il a rejeté la responsabilité de la crise qui secoue le pays sur les autres et notamment sur son allié et ami d’hier. Lui et son mouvement ne sont responsables de rien.
  4. L’arrivée de Ghannouchi à la tête du gouvernement ne serait certainement pas appréciée dans certaines capitales arabes surtout. Voire occidentales. Ce qui pourrait isoler la Tunisie dans son environnement régional.
  5. A défaut de Carthage, un rêve définitivement enterré, Rached Ghannouchi lorgne vers la salle du trône du palais de Bardo. Etant élu député dans la liste de Tunis 1, il préfèrerait le perchoir. A la tête du parlement, il sera le numéro deux dans la hiérarchie de l’Etat. S’appuyant sur un bureau où son mouvement aura le plus grand nombre(4 sur 10), et sur deux vice-présidents, il pourrait agir sur le déroulement des évènements, manierait les ficelles et faire danser les autres à son plaisir, voyager, participer au conférences internationales, pratiquer la diplomatie parlementaire et ouvrir de nouveaux horizons pour son mouvement…Et puis le fauteuil du perchoir n’est pas un siège facilement éjectable, comme celui de la primature.
  6. Il est évident que le vieux renard pourrait avoir d’autre projets en tête et même ses très proches ne savent pas toujours ce qu’il mijote. Et on n’est pas à l’abri d’une surprise. 

 

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