Cette « affaire d’espionnage » qui empoisonne le climat politique

Cette « affaire d’espionnage » qui empoisonne le climat politique

Les révélations rapportées par le quotidien « Achourouk » sur ce qu’il appelé « une affaire d’espionnage de grande envergure dirigée par un homme d’affaires français » continue de défrayer la chronique. L’affaire impliquerait nombre de hauts responsables, ministres, chefs de partis, fonctionnaires et directeurs de banques qui, selon le quotidien ont été enrôlés par ce français installé en Tunisie.  

La journaliste, auteure de la série de quatre épisodes dont le dernier a été publié ce mardi 13 février, a fourni des détails sur l’affaire qui a commencé en 2012, sur les personnes impliquées, les cadeaux offerts…Elle affirme la fiabilité de ses sources et continue de confirmer l’existence de cette « affaire ».

L’homme d’affaires aurait même rencontré plusieurs personnalités, un ancien chef du gouvernement, un ancien ministre de Finances, trois chefs de parti, deux anciens ministres des domaines de l'État, un ancien ministre du Tourisme, un expert en économie, un président d’une association.

Réagissant à ces révélations, le dirigeant de Nidaa Tounes, Borhen Bssaies a confirmé dans un statut publié sur sa page Facebook, l’existence de cette affaire d’espionnage qu’il a qualifiée de « séisme politique ». Il a assuré qu’elle est plus grave que toutes les affaires en cours. « Bien plus grave, même, que l’inscription de la Tunisie sur la liste noire de l’Union européenne relative au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme », a-t-il noté. Il a souligné que le ressortissant français détient « des informations sensibles d’ordre sécuritaire et politique en recrutant des conseillers, en leur offrant des sommes d’argent et des cadeaux conséquents. Il aurait, en outre, réussi à recruter un conseiller et un activiste politique de l’entourage proche du président Béji Caïd Essebsi, ainsi que plusieurs autres hauts responsables au niveau des administrations, des ministères, des partis, et même, des organisations nationales ».

Mais ce n’est pas l’avis de l’expert économique, Moez Joudi, dont le nom a été cité(les initiales MJ) qui qualifie cette affire de « rocambolesque ». Il considère que la journaliste « a inventé cette histoire de toutes pièces », notamment lorsqu’elle a inséré son nom dans la liste des personnes impliquées. Il compte déposer plainte contre la journaliste et le journal. Il a, d’autre part, assuré que " son cabinet ne travaille jamais sur les dossiers douteux, notamment au niveau des fonds ".  Si cet homme d’affaires est impliqué dans « des affaires douteuses, ce n’est pas ma responsabilité », a-t-il insisté.

De son côté, le secrétaire général de « Mashrou3 Tounes », Mohsen Marzouk, à son tour cité dans la série du quotidien, a appelé à l’ouverture d’une enquête officielle à propos des investigations du quotidien.  Il s’interroge sur les dessous de la révélation d’une telle affaire et de l’existence de son nom dans les articles du journal.

Pour sa part, le porte-parole près du Tribunal de première instance de Tunis, du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme et du pôle judiciaire économique et financier Sofiene Selliti a démenti la qualification de cette « affaire d'espionnage impliquant des parties tunisiennes et étrangères». Pour lui il s’agit plutôt, « de crimes financiers et de malversation ».

Selliti a expliqué que les informations relayées par le journal « Achourouk » concernent des faits dont le parquet avait ordonné la vérification à travers l'unité de recherche dans les crimes terroristes et les crimes organisés touchant la sécurité du territoire national à la direction générale de la sécurité nationale d'El Gorjani.

Les investigations menées ont confirmé que l'affaire se rapporte à des crimes financiers et de malversation et, en raison de sa nature, elle a été confiée au pôle judiciaire économique et financier.

Toutefois, ses explications n’ont pas dissipé le doute ni encore moins apaisé les tensions autour de cette affaire qui empoisonne le climat politique. Les révélations sont d’une gravité telle qu’elles nécessitent plus de clarification de la part des plus hautes autorités de l’Etat qui se murent dans un silence inexpliqué.

B.O

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