Comment Kais Saied a pris de court Rached Ghannouchi

Comment Kais Saied a pris de court Rached Ghannouchi

Commentant la démission du gouvernement Fakhfakh, à la suite de la demande du président de la république, le journal le Monde a expliqué que « la requête de Kaïs Saïed ne tient pas d’un désaveu vis-à-vis d’un chef de gouvernement qu’il avait lui-même choisi. Pour le chef de l’Etat, il s’agit surtout de prendre de court le parti islamo-conservateur Ennahda dont certains élus avaient initié une motion de censure contre Elyes Fakhfakh ».

Car, ajoute le journal, « si celle-ci avait été adoptée, c’est le parti dirigé par Rached Ghannouchi, actuellement président du Parlement, qui se serait arrogé le droit de nommer son successeur. Kaïs Saïed conserve donc cette prérogative »…

Mais pour faire adopter sa motion de censure, Ennahda comptait sur des formations politiques elles-mêmes imprévisibles et controversées. Son premier soutien est ainsi le parti Qalb Tounes, dirigé par Nabil Karoui, fondateur de la chaîne de télévision Nessma et actuellement poursuivi pour blanchiment d’argent et évasion fiscale. Ce parti a perdu un tiers de ses élus quelques mois après les élections. Ennahda est aussi suivi par la Coalition de la dignité, une formation conduite par Seiffedine Makhfalouf, un avocat qui s’est fait connaître en défendant des commanditaires d’attentats et en multipliant les sorties polémiques. Avec cette stratégie, Ennahda s’est isolé des autres courants politiques.

Pourtant, ajoute le Monde, la Tunisie est sur le fil du rasoir. Si elle s’est tirée sans trop de dommages sanitaires de l’épidémie due au coronavirus, avec seulement 50 décès recensés, les perspectives économiques sont plus que moroses. Le produit intérieur brut devrait chuter de 6 % en 2020, l’endettement se creuse dangereusement tandis que le secteur du tourisme – une source cruciale d’emplois et de devises étrangères – est quasiment au point mort.

Au plan sécuritaire, le conflit qui oppose les puissances étrangères en Libye, aux frontières de la Tunisie, maintient le territoire sous tension permanente. L’instabilité politique pourrait fragiliser la gestion de ces crises….

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