Coronavirus et virus du Président

Coronavirus et virus du Président

Par Naoufel Ben Aissa

Dans le cadre de la collecte de fonds d'aide au combat contre la Covid, l'UPR, parti fondé et présidé par Dr Lotfi Mraihi, a délivré au Ministère de la Santé Publique un chèque en mars 2020, non encore débité ! Par ailleurs, l'ex Président de la République Dr Mohamed Moncef Marzouki a proposé ses services au même ministère de tutelle en tant que médecin à la retraite, sans suite !

En France, on a vu entre autres médecins ayant fait de la politique et occupé un poste ministériel, Philippe Douste- Blazy, remettre sa blouse et exercer son métier d'origine. La différence entre les gens de chez nous et ceux du monde civilisé est qu'on ne sait pas faire la part des choses.

La guerre contre le coronavirus nécessite l'apport de chacun d'entre nous. L’État n’a pas le droit de refuser l'apport des citoyens et à plus forte raison celui des médecins. Il est aussi du rôle du Président de réunir le Conseil National de Sécurité, de manière hebdomadaire, pour suivre l'évolution de la situation et prendre les dispositions et les mesures nécessaires. A ce propos, les commanditaires de l'Etat ont prouvé leur incapacité dans la gestion de l'actuelle crise qui ne fait que perdurer.

Lors de son dernier passage télévisé, l'ex-candidat aux présidentielles Mohamed Lotfi Mraihi a expliqué que le problème avec le Coronavirus, mutant, était qu'il était toujours en avance d'une étape sur nous. En d'autres termes, il faut savoir anticiper pour s'en prémunir. L'actuel gouvernement, en manque d'imagination, de courage et d'inspiration, a montré ses limites en la matière et c'est un fait.

Dès le début de la crise, le Président Macron a pris les devants. Présent sur tous les fronts, il est même allé rendre visite au très controversé Pr Raoult pour se faire une idée et ne pas se laisser influencer. Il a "pris le taureau par les cornes" car il a compris qu'il n'a pas droit à l'erreur. Chez nous, alors que l'heure est grâve, le Président de la République se comporte comme si de rien n'était. On dirait qu'il n'est pas concerné par le sujet ! Notre président, coincé dans une impasse historique, a du mal à évoluer. 

D'abord, il ne se rend pas compte que les paradigmes de gouvernance du Calife Omar Ibn Al Khattab ne sont plus d'actualité, ainsi que ceux de Lénine et de Staline d'ailleurs. Mal conseillé par ses "visiteurs de la nuit" et entouré de nostalgiques des politiques inusitées et périmées, il est en décalage par rapport à la réalité du moment. Au lieu de pousser le pays vers l'avant, il donne l'impression d'être en dehors du temps! Comme son défunt prédécesseur, il a beaucoup de mal à intérioriser qu'en Tunisie le partage des pouvoirs est un fait irréversible. Ainsi, il a du mal à se contenter d'être le Président Kais et à se défaire de l'illusion d'être couronné Kaiser Président. Pareil pour la "gauche caviar" qui a du mal à perdre ses illusions. Le temps de ses ténors, invétérés et obstinés, est révolu. Leur doctrine et approche politiques sont périmées et par leur présence dans l’entourage du Président, l'institution, comme atteinte d'un syndrome viral, est grippée.

Monsieur le Président, vous n'aurez jamais dû être Président, seulement, par défaut, comme une fatalité, nous avons dû voter pour vous. Maintenant que vous êtes là, faites au moins que la situation ne s'enlise pas davantage. Accomplissez votre rôle de Président de la République conformément à la constitution en vigueur, et non à celle qui meuble votre imagination. Le peuple qui a voté pour vous n'aspire qu'à une chose : remettre la Tunisie en marche.

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