Couacs à la tête d’un Etat en pleine déliquescence

Couacs à la tête d’un Etat en pleine déliquescence

On le sentait déjà, des différends  allaient éclater en plein jour entre le président de la république Kais Saied et le chef du gouvernement désigné Hichem Méchichi. Maintenant c’est chose faite.

Méchichi, qui a été choisi par Saied en dehors de la liste des candidats proposés par les partis politiques et les groupes parlementaires, avait annoncé sa décision de former un gouvernement de compétences totalement indépendantes. Décision soufflée par son mentor à qui il doit tout. Il a attendu toutes les dernières minutes avant la fin des délais constitutionnels pour lire, au cours d’une brève apparition, devant les caméras des télévisions, la liste des membres de son équipe.

A la lecture de la liste il a annoncé le nom de Kamel Edoukh comme étant la personnalité proposée au poste du ministre de l’équipement.  Or, la liste envoyée le même jour par la présidence de la République à l’ARP comprend un autre nom, celui de Kamel Om Ezzine. Et comme par hasard, les deux sont des directeurs généraux au sein du ministère de l’équipement. Simple faute de frappe, ou une modification introduite par une main experte pour mettre Méchichi devant le fait accompli ?

Ce n’est pas tout. L’universitaire malvoyant Walid Zidi a exprimé, dans des termes à peine voilés, dans un statut publié sur sa page Facebook, son peu d’enthousiasme pour le poste avant de se raviser dans une déclaration sur les ondes d’une radio privée. Réaction immédiate du chef du gouvernement désigné qui décide de le remplacer au pied levé. On ne badine pas avec le devoir de servir la patrie.

Peu de temps après et alors qu’il réunissait son équipe en conclave à Dar Dhiafa à Carthage, il apprenait que le président de la République avait reçu Walid Zidi à qui il avait exprimé son soutien et sa confiance pour réussir à la tête du ministère des affaires culturelles.

Contrarié et mis dans une mauvaise posture Méchichi aurait cherché à joindre le président pour lui demander des explications. En vain. C'en est trop !

Entre temps,  le président de la République a reçu le président de l’ARP et les deux hommes se sont mis d’accord pour rectifier la liste des membres du gouvernement proposés. Une correspondance a été envoyée, le jour même, au parlement pour rectifier le nom de la personnalité proposée au poste du ministre de l’équipement. Il s’agit bel et bien de Kamel Edoukh comme annoncé par Méchichi. En l’égratignant au passage, lui faisant porter la responsabilité de cette erreur. De son côté, le chef du gouvernement désigné a écrit au président de l’ARP pour lui demander de rectifier le nom. Preuve que le courant ne passe plus entre lui et le chef de l’Etat.

Ces couacs à répétition au sommet d’un Etat en pleine déliquescence n’ont pas échappé aux observateurs de la scène tunisienne. Et les langues se délient et les rumeurs vont bon train.

Dépité, Méchichi pense à jeter l’éponge, a-t-on lu ça et là. Ou encore Kais Saied aurait conclu un deal avec Ghannouchi pour faire tomber le gouvernement, en contrepartie, il ne dissoudrait pas le Parlement…

Beaucoup disent même que ce gouvernement porte le sceau du chef de l’Etat et de son entourage et le qualifient de gouvernement du président. On disait que Méchichi a été soumis à de fortes pressions de la part de Kais Saied  et de son entourage.  Même formé de quelques personnalités de valeur, le gouvernement risque de ne pas obtenir la confiance de l’ARP ou de passer au forceps, pour éviter d’aller vers l’inconnu.

Mardi 1er septembre sera un grand jour pour Hichem Méchichi qui devra répondre aux questions qui fâchent. Sans faux fuyants ni dérobades.  Une mission particulièrement périlleuse pour lui car il sera mis à rudes épreuves. Chacun y va de son petit pronostic : il sortira ou non de cette bataille la tête haute ?

B.O

 

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