COVID-19: Quand une gastronomie fait basculer le monde !

COVID-19: Quand une gastronomie fait basculer le monde !

Par Rahma BELHEDI, Spécialiste en Biotechnologie-Microbiologie

Cela fait un bon bout de temps où le monde restait sous le charme d'une des plus célèbres citations  des années 70 : « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera » de l'écrivain diplomate Allain Peyrefitte !

Aujourd’hui, suite á l'apparition du Coronavirus en territoire chinois, c’est au tour de la gastronomie chinoise, sur le plan réputationnel, de payer, cette fois-ci, le prix le plus fort…

Qu'on le veuille ou pas, à raison où á tort, la cuisine chinoise est directement tenue pour responsable de la transmission des virus les plus meurtriers du SRAS-2002/2003 au Covid-19, où elle a fait  l'objet  d’un flot de Fake news relayés par des sites d'information et des réseaux sociaux, son objectif final est de discréditer cette gastronomie  millénaire  par l'usage d'un vieil procédé de manipulation : semer l'amalgame !

Entre le bon grain et l'ivraie, nous essayons de faire la part des choses en s’appuyant sur un socle argumentaire à la fois culturel et scientifique vu le caractère indissociable de ces deux aspects de la gastronomie chinoise.

Concrétement, ce que nous sommes en train de déjeuner ou de  dîner tous les jours incarnent toute une histoire, une culture culinaire profondément ancrée, qui varie d'une civilisation á une autre...

1- La face de la médaille :

A l'Empire du milieu, il s’avère que la formulation de l’expression « gastronomie chinoise » au singulier est trompeur, car la cuisine chinoise couvre une multitude de cuisines provinciales bien différentes les unes des autres…

Pour les Chinois, la diététique est avant tout une question de recherche d’un meilleur équilibre interne basé sur les deux principes indissociables et complémentaires de la culture chinoise : le Yin  et le Yang  (C’est á dire que tout dans l’univers est constitué de deux forces opposées mais complémentaires comme le bien et le mal, le clair et l’obscurité, le positif et le négatif etc.).

En gastronomie, le Yin correspond aux aliments frais, tels que les fruits et légumes et le Yang comprend, entre autres, les viandes de toute sortes et dont la parfaite combinaison des deux pôles aboutit forcément á  un plat varié bien équilibré sur le plan physiologique et psychique.

Dans cette perspective d'harmonie, le riz aux multiples vertus occupe une place centrale dans la gastronomie plurielle chinoise !

2-Le revers de la médaille :

Comme toute gastronomie au monde susceptible d’excès et d’excentrisme, la cuisine chinoise ne déroge pas à cette règle quasi-universelle.

En effet, « le dérapage culinaire chinois » consiste essentiellement  à la consommation des dizaines d’espèces sauvages, principalement  les reptiles, qui se vendent  dans des marchés dépourvus des moindres mesures sanitaires appropriées.

Cette consommation de la faune sauvage est ancrée dans les traditions culinaires chinoises, comme le témoignent les habitués du marché de Whuan (épicentre de l’épidémie) « Nous mangeons cette nourriture depuis des milliers d’années. On devrait être plus prudents : faire cuire plus longtemps les aliments et vérifier s’ils sont frais ».

Mais comme l’explique l’ONG Traffic «  la Chine est loin d’être le seul pays responsable. Le commerce des espèces sauvages est mondial. Tous les pays font commerce des produits issus de la faune et de la flore sauvages. La France, par exemple, fait un commerce important de strombes géants, un gastéropode des Caraïbes, et importe des millions de reptiles, en particulier leurs peaux. Tous les animaux qui font l'objet d'un commerce présentent un risque de maladie".

Fort curieusement, beaucoup de détracteurs de la cuisine plurielle chinoise évitent de poser la question embarrassante suivante : Pourquoi on ne s'interroge pas autant sur les liens de causalité possibles entre les chiffres terrifiants des  décédés  sous Covid-19 aux Etats- Unis et la gastronomie américaine riche en matière grasse (Hamburger ou autres), facteur avéré de déficience immunitaire ?

Je vous laisse le soin de répondre à cette interrogation !
 

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