Covid-Vaccination : le réveil bien tardif de Kaïs Saïed !

Covid-Vaccination : le réveil bien tardif de Kaïs Saïed !

 

Enfin le président Kaïs Saïed se préoccupe de la propagation de l’épidémie du coronavirus. Coup sur coup, il a tenu hier vendredi une réunion avec le ministre de la Santé, accompagné de membres du « Comité scientifique », puis il a rencontré le chef du gouvernement avec lequel il a parlé de « la campagne de vaccination ». Dans le même temps, il a annoncé avoir chargé le ministre des Affaires étrangères d’entrer en contact avec ses homologues des pays ayant développé « un vaccin efficace » dans le but de s’approvisionner auprès eux.

Alors que l’épidémie fait un grave rebond, ce réveil du chef de l’Etat paraît bien tardif. Déjà, on dénombre plus de cinq mille morts, alors qu’il n’y en avait que cinquante lors de la première vague. Cette multiplication au centuple aurait-elle pu être évitée, si des mesures plus strictes avaient été mises en application. Les gestes barrières sont connus et leur mise en œuvre avec plus de rigueur étaient à portée de main, mais il y a eu « nonchalance » et « relâchement » comme le déplore le médecin urgentiste, Samir Abdelmoumen lui aussi membre du comité scientifique.

Aurait-il fallu décréter un confinement général, partiel, ciblé. La question a été toujours balayée d’un revers de main sans y prêter l’attention qu’elle méritait, alors que sous d’autres cieux, la mesure a été prise et mise en application avec la rigueur requise. Maintenant la mesure n’est plus à exclure, nous prévient le Dr. Hachmi Louzir, directeur général de l’Institut Pasteur, nommé « Monsieur Vaccin ».

Le couvre-feu a bien été décrété partout dans le pays et le déplacement entre les régions interdit. Mais les deux mesures ne sont pas appliquées comme il se doit même si une tour de vis semble avoir été donnée au cours des derniers jours, mais pour combien de temps.

Alors que partout dans le monde on ne parle que de vaccin, enfin disponible et qui serait le seul moyen pour un retour à la normale, ce sujet combien crucial ne semble pas préoccuper les hautes autorités tunisiennes. Les premiers lots du vaccin Pfizer ne sont attendus chez nous que lors du second trimestre de 2021, nous dit-on sans autre précision, alors qu’un trimestre est long.

Dans les pays proches la vaccination a déjà commencé. Au Maroc, en Egypte, en Arabie Saoudite, et ailleurs des campagnes sont en cours. Ce sera aussi le cas au cours des prochains jours en Algérie. Sans parler des pays comme la Grande Bretagne, les Etats Unis ou la France auxquels on ne peut pas se comparer. En Israël, un million de personnes ont été vaccinées à la date du 1er janvier et 150 mille le sont tous les jours.

Devant le tollé suscité par cet intolérable retard, on nous promet que le vaccin devrait être disponible avant février. On se demande comment nos autorités pourraient s’en procurer alors qu’une tension est prévisible, la précieuse piqûre étant réclamée par tous les pays du monde. Si gouverner c’est prévoir, à l’évidence nos hauts responsables n’ont pas fait leurs prévisions. A preuve, le président de la République a demandé au ministre des Affaires étrangères d’entrer en contact avec ses homologues afin de se procurer le vaccin.

Même s’ils le voulaient, ces derniers ne le pourraient guère. Les grands fabricants pourraient-ils obéir aux autorités politiques. A moins d’instructions venues de haut lieu, on ne pourrait imaginer que les commandes pourraient être honorées.

Dans ce cas seul le président de la République en s’adressant à ses homologues russe ou chinois peut nous procurer le vaccin. En ce mois de janvier 2021, la Tunisie préside le conseil de sécurité de l’ONU, ce qui serait une occasion propice non pour des discours mais pour des actions en faveur de notre population.

On se demande en outre pourquoi la question n’est pas portée à l’ordre du jour d’une réunion du conseil de sécurité nationale que seul le chef de l’Etat peut convoquer. Ce conseil réunit le chef du gouvernement ainsi que les ministres des Affaires étrangères, de la défense, des Finances et de l’Intérieur concernés tous, chacun dans son domaine par la question de la vaccination. Le président de la République peut aussi y inviter tout responsable dont la présence lui parait indispensable.

Pour la solennité de l’action, le président de la République peut aussi demander la réunion du conseil des ministres sous sa présidence pour évoquer un sujet qui concerne la sécurité nationale. Rien de cela n’est fait.

Est-ce le signe de tiraillements entre Carthage, la Kasbah et le Bardo. Si c’est le cas on ne peut que le déplorer. Pourtant tous disent que seul l’intérêt supérieur de la Nation est leur seule boussole.

RBR

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