Dans l’est de l’Ukraine, des températures en dessous de zéro et un financement humanitaire insuffisant

Dans l’est de l’Ukraine, des températures en dessous de zéro et un financement humanitaire insuffisant

Les Nations Unies ont appelé jeudi les bailleurs de fonds internationaux à augmenter d’urgence leur financement de l’aide destinée aux millions de personnes ayant besoin d'assistance dans l’est de l’Ukraine.

C’est un hiver long et rigoureux que traversent les habitants de l’est de l’Ukraine. Dans cette région touchée par un conflit qui a tendance à être oublié, les températures sont descendues bien en dessous de zéro degré Celsius. Une situation particulièrement critique pour les familles vulnérables alors que l’aide humanitaire est sous-financée, a précisé le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Grâce au généreux soutien des donateurs, jusqu’à présent plus d’un million d’Ukrainiens, parmi les plus vulnérables, ont reçu une aide vitale et des services de protection. Mais le financement est maintenant insuffisant », a alerté la Coordonnatrice humanitaire pour l’Ukraine, Osnat Lubrani, à Genève, lors d’une présentation aux Etats membres de l’ONU sur le coût humain et les conséquences de la crise qui touche l’est du pays.

A ce jour, le plan de réponse humanitaire pour l’est de l’Ukraine n’est financé qu’à hauteur de 36%. « Le manque de financement signifie que des millions d’enfants, de femmes et d’hommes continuent d’être privés d’assistance basique », a averti Mme Lubrani qui a appelé les Etats membres à faire preuve de solidarité envers les civils.

Dans l’est de l’Ukraine, les travailleurs humanitaires sont engagés dans une course contre la montre avec les préparatifs pour affronter les températures glaciales qui prévalent dans le pays normalement pendant plusieurs mois. A ce jour, ils ont fourni des abris, de la nourriture, un soutien aux moyens de subsistance, une assistance en espèces ainsi qu’une amélioration de l’accès aux soins et à l’éducation.

L’hiver glacial a exacerbé des besoins énormes notamment dans le secteur de la santé mentale et des traumatismes psychologiques, de la protection, de l’action contre les mines, du logement, de la santé, des moyens de subsistances, de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

Une longue, pénible et dangereuse attente pour traverser la « ligne de contact »
Chaque mois, ils sont plus de 1,1 million de civils à traverser la « ligne de contact » qui s’étend sur 427 kilomètres dans l’est de l’Ukraine – l’équivalent de la frontière franco-allemande.

Les civils sont souvent confrontés à de longues attentes avant de pouvoir traverser cette ligne, qui les placent dans des situations risquées face aux hostilités et aux mines, et dans des conditions indignes pour maintenir des liens familiaux et un accès aux services de base.

Mme Lubrani reconnaît que des efforts ont été entrepris pour améliorer les conditions aux postes de contrôle, « mais chaque côté doit encore en faire plus durant cet hiver qui s’annonce rigoureux, » a-t-elle insisté, soulignant le manque d’eau, d’installations sanitaires et d’emplacements chauffés sur place.

Avec des milliers de violations du cessez-le-feu chaque mois, les tirs d’artillerie, et les tireurs embusqués continuent de tuer et blesser des civils dans l’est de l’Ukraine. Plus de 3.000 civils ont perdu la vie depuis 2014.

Les infrastructures civiles essentielles ne sont pas épargnées. Cette année, plus de 73 incidents affectant les infrastructures d’approvisionnement en eau ont été recensées. « Et si les tirs d’artillerie continuent durant l’hiver, les civils devront lutter pour se maintenir au chaud et les fréquentes interruption d’approvisionnement en eau augmentent les risques d’épidémie de maladies contagieuses », a dit Mme Lubrani, soulignant le lien fragile entre l’eau et les systèmes de chauffage.

La Coordinatrice humanitaire a rappelé aux parties au conflit leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire, d’épargner les civils et de protéger les infrastructures civiles.

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