Durcissement de l’octroi des visas : Punition collective et rejet de l’autre

Durcissement de l’octroi des visas : Punition collective et rejet de l’autre

Le durcissement par les autorités françaises de l’octroi des visas à l’égard des trois pays du Maghreb, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, et considéré comme une mesure de rétorsion, intervient dans un climat préélectorale en France et sur fond de la montée des extrêmes. L’immigration et la sécurité ont, toujours, été des thèmes de campagne dans ce pays et en Europe.

D’ailleurs, la candidate du RN, Marine Le Pen, devait présenter, mardi après-midi, son projet de référendum sur l’immigration.

La France veut « pousser les pays concernés à changer de politique et accepter de délivrer ces laisser-passer consulaires », en élargissant la sanction à leurs citoyens.

Il est évident que Paris veut « punir » les trois pays qui n’ont pas accepté ses injonctions en faisant de plus de fermeté et en élargissant la sanction à leurs citoyens. La déclaration de Darmanin est une forme de rejet de l’autre qui frise le racisme et la discrimination. Il a, en effet, déclaré, sans ambages, à l’adresse des trois pays que «tant que vous ne reprenez pas vos compatriotes, on n’accepte pas vos compatriotes».

En durcissant les conditions d’octroi de visas qui, par ailleurs sont déjà dures, la France qui espère réduire l’immigration clandestine et juguler les menaces de terrorisme, risque d’encourager l’émigration clandestine, à partir de ces trois pays. Et de raviver les sentiments de haine à l’égard de l’ancien colonisateur.

Hier, le ministre français de l’intérieur Gérald Drmanin a confirmé, sur BFM TV, le durcissement des conditions d’octroi des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et la Tunisie, annonçant  une réduction, cette année, de 30%, du nombre de visas accordés aux ressortissants Tunisiens par rapport à 2020, contre 50% pour le Maroc et l’Algérie.

L’Algérie a dénoncé « une décision unilatérale du gouvernement français » et a convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour protester contre cette décision et lui notifier « une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France ».

Alors que le Maroc a regretté cette décision la qualifiant d’« injustifiée ». « Le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes, avec une logique de responsabilité et d’équilibre entre la facilitation des déplacements des personnes (...) et la lutte contre la migration clandestine », selon le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.

Par contre du côté de Tunis, aucune réaction jusque-là, comme si l’affaire ne concernait pas des ressortissants tunisiens. En 2021, le taux d'éloignement, soit le ratio entre le nombre de personnes sous obligations de quitter le territoire français (OQTF) et le nombre de personnes effectivement expulsées, est tombé à 4% en 2021 pour la Tunisie contre 8% en 2020, 19% en 2019. Entre janvier et juillet cette année, 131 Tunisiens ont été expulsés sur les 9 000 obligations à quitter le territoire français.

Le taux d’exécution de la Tunisie est supérieur à ceux de l’Algérie ( 0,2%) et du Maroc( 2,4%).

Ce durcissement de l’octroi des visas est une forme de punition collective qui risque de susciter des réactions

Il est à rappeler que le montant des frais de visas de court séjour est passé de 60 euros à 80 euros, soit environ 251 dinars (de 35 euros à 40 euros pour les enfants de 6 à 12 ans) , à partir de février 2020, à la suite d'une décision de l'Union Européenne qui s'impose à tous les États membres de l'espace Schengen. Ce montant n’est pas remboursable en cas de refus.

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