Et si Youssef Chahed anticipait en présentant sa démission !

Et si Youssef Chahed anticipait en présentant  sa démission !

La nouvelle version du Document de Carthage devrait, sauf revirement de dernière minute, être signée ce mardi 22 mai 2018 par les experts avant d’être soumise à la commission des présidents. Selon des sources concordantes, plusieurs points de litige ont été réglés. Mais la question lancinante de la restructuration du gouvernement et son changement a été transférée aux présidents des partis et des organisations nationales. Les avis divergent entre la formation d’un gouvernement de compétences dont les membres ne seraient pas concernés par les prochaines échéances et un simple remaniement avec le maintien de l’actuel chef du gouvernement qui, néanmoins, devrait s’engager à ne pas se présenter aux élections. Les tenants de la première thèse, l’UGTT et Nidaa Tounes, tiennent au départ de Youssef Chahed parce qu’ils considèrent que le gouvernement a échoué et qu’il n’y a pas lieu qu’il soit maintenu. Plusieurs autres membres de son équipe sont pointés du doigt et qui appartiennent en majorité aux deux alliés, Nidaa Tounes et Ennahdha. Nidaa impute son échec aux dernières municipales la gestion du gouvernement et il a des noms pour la Kasbah. Par contre le mouvement de Rached Ghannouchi soutenu par l’UTICA, bien qu’il pense que le gouvernement n’a pas réussi grand-chose, n’est acquis à un changement à sa tête.

L’UGTT dont le secrétaire général Noureddine Tabboubi avait qualifié le Document de Carthage de « manœuvre politique pour trouver un alibi en vue de la formation d’un nouveau gouvernement », tient au départ de Youssef Chahed et menace, même, par la voix de son secrétaire général adjoint Bouali Mbarki de quitter le Document en cas de maintien de son maintien.

Le président de la république Béji Caid Essebsi, dont la marge de manœuvre semble réduite face à l’intransigeance de son allié Noureddine Tabboubi, n’a pas beaucoup de choix devant lui. Car, en définitive sacrifier son poulain Youssef Chahed serait un aveu d’échec pour lui. En plus, proposer un nouveau locataire à la Kasbah serait une pure perte de temps et d’énergie alors que seulement 17 mois nous séparent des législatives de 2019.  A moins que par un tour de vieux briscard dont il a le secret, il réussirait à assagir Tabboubi en contrepartie de quelques concessions sur les noms des partants et des entrants.

Pendant ce temps, Youssef Chahed continue à faire état des « réussites » et des réalisations de son gouvernement. Il inaugure de nouveaux projets, pose la première pierre pour d’autres. Il ne semble pas perturbé outre mesure par les rumeurs de son remplacement ni par les noms qui circulent pour lui succéder à la primature. Ses ministres se relaient sur les plateaux pour parler de leur bilan.

Toutefois, au cas où les signataires du Document décidaient de le remplacer comment Chahed allait-il réagir ?  Il n’aurait pas beaucoup de choix devant lui. Soit le sort de son prédécesseur Habib Essid qui avait préféré aller au vote de confiance tout en sachant que cela n’était pas acquis, soit anticiper son limogeage et présenter la démission de son gouvernement. La seconde hypothèse lui permettrait de sauver ce qui reste de l’honneur de son gouvernement décrié et soumis à de fortes pressions. Et de ménager son avenir politique.

B.O

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