Financement des colonies israéliennes: Une enquête contre Dexia en Belgique

Financement des colonies israéliennes: Une enquête contre Dexia en Belgique

Selon les informations du « Soir », une plainte a été déposée contre la banque belge, en raison de ses activités passées dans les colonies israéliennes installées illégalement en Cisjordanie.

L’argent est le nerf de la guerre. Y compris pour les colonies israéliennes installées illégalement en Cisjordanie. La justice belge enquête sur les activités d’une banque belge dans les implantations israéliennes. Une plainte pour crimes de guerre et blanchiment a été déposée en février 2017 contre la holding Dexia S.A. et contre X au nom de cinq Palestiniens. Mais l’enquête, démarrée il y a six ans déjà, piétine.

Les activités de la filiale israélienne de la banque belge sont connues depuis de nombreuses années, notamment grâce aux informations de l’organisation Who profits the Israeli occupation industry. Le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains dans les Territoires palestiniens publiait également dès 2012 un rapport à ce propos. « Dexia Israel Bank Limited a son siège social à Tel-Aviv et a régulièrement octroyé des prêts aux Israéliens vivant dans des colonies illégales », indiquait Richard Falk. « L’entreprise a consenti des prêts hypothécaires à un certain nombre de colonies. Grâce à ses contacts avec la loterie israélienne, Dexia Israel a mis à disposition des fonds pour la construction et l’expansion de colonies. »

Récupérer des terres perdues

La holding Dexia S.A. avait racheté en 2001 Otzar Hashilton Hamekomi, devenue Dexia Israel. Cette banque était notoirement connue pour ses investissements dans les collectivités locales israéliennes, y compris au-delà de la Ligne verte. Le site de la Knesset y mentionne une vingtaine de prêts en 2008 et 2009, pour un total d’environ 35 millions d’euros. « Et encore, ce ne sont que les activités dont on a connaissance », soulignent Loïca Lambert et Hind Riad, deux des avocates en charge du dossier belge.

Dans un courrier du 10 novembre 2008, Pierre Mariani alors CEO de Dexia admettait que « les prêts représentent aujourd’hui moins de 1 % du total des prêts, contre près de 5 % au moment du rachat de la banque ». Une porte-parole de la banque précise que de 2008 à 2014, ces financements étaient passés de 8 à 0,4 million d’euros. « Il n’était pas possible d’imposer un remboursement anticipé », continue-t-elle. Selon le courrier de Pierre Mariani, « Dexia Israel Bank opère sur l’ensemble du territoire israélien et finance des municipalités juives et arabes sans distinction ni discrimination ». Dexia a revendu ses activités dans l’Etat hébreu en 2018. Loïca Lambert et Hind Riad aimeraient obtenir « l’inculpation de Dexia S.A. ainsi que la reconnaissance de l’implication des dirigeants de l’époque ». Une porte-parole de Dexia souligne qu’un ancien dirigeant de la banque a été entendu par des enquêteurs français en 2022. « Dexia collabore pleinement à l’enquête », continue-t-elle. La banque « a toujours été très suivie par des ONG mais n’a jusqu’à aujourd’hui jamais été inquiétée ».

Selon les avocates, les plaignants palestiniens souhaitent obtenir réparation, mais surtout récupérer leurs terres perdues dans le processus de colonisation.

La plainte concerne particulièrement la colonie de Beitar Illit, aux abords de Bethléem. Selon des documents publics, Dexia y a octroyé un prêt d’un million de shekels en 2009, soit 214.000 euros. Les cinq plaignants, dont un de nationalité belge, sont originaires des villages palestiniens voisins de Wadi Fukin et Husan.

La Belgique déconseille le commerce avec les colonies

Les colonies israéliennes, installées sur le territoire de la Cisjordanie occupée depuis 1967, sont « une violation flagrante du droit international », comme l’indique la résolution 2334 des Nations unies, ce que conteste le gouvernement israélien. Depuis 2014, au moins 17 pays de l’Union européenne (dont la Belgique) déconseillent ainsi à leurs entreprises de commercer avec les sociétés israéliennes installées dans les territoires occupés. En 2021, un rapport intitulé Don’t buy into occupation pointait du doigt BNP Paribas, la KBC, Argenta, ING ou encore Solvay pour leur implication dans les colonies.

L’actuel gouvernement de Binyamin Netanyahou, qui compte des colons radicaux en son sein, a encore renforcé sa politique de colonisation, au point de susciter la colère des pourtant très fidèles Etats-Unis.

Par Pauline Hofmann pour Le soir

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