"Il existe une voie européenne vers la paix et la sécurité, identique à la voie onusienne"

"Il existe une voie européenne vers la paix et la sécurité, identique à la voie onusienne"

La Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a lancé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, un fervent appel en faveur du multilatéralisme, déclarant que l’Union européenne (UE) investit dans sa coopération avec le système de l’ONU « comme jamais auparavant », « car nous voulons assumer notre part de responsabilité dans notre maison commune ». 
« Notre approche a toujours été de bâtir, et jamais de démanteler », a affirmé Mme Federica Mogherini, qui s’est par ailleurs inquiétée de la remise en cause de l’architecture de désarmement dans le monde. 

Il existe une « voie européenne » vers la paix et la sécurité qui est identique à la « voie onusienne » vers la paix et la sécurité. Et vous n’entendrez jamais, a-t-elle insisté, l’UE questionner si l’ONU sert nos intérêts et valeurs. « Au contraire, la question que nous nous posons en tant qu’Européens est de savoir ce que nous pouvons faire pour appuyer l’ONU, car travailler avec l’ONU est la meilleure façon de servir les intérêts de la paix, de la sécurité, et de l’avancée globale de nos intérêts collectifs », a-t-elle ajouté.

Dans une intervention au cours de laquelle elle a fait le point sur l’action de l’UE sur les dossiers les plus marquants de l’actualité internationale, que ce soit l’Iran, le Venezuela, l’Ukraine, ou encore la Syrie et le Mali, la Haute Représentante a mis en avant une des contributions les plus « novatrices » de l’UE à un multilatéralisme plus effectif, à savoir le format trilatéral établi avec l’Union africaine et l’ONU dans le but de trouver une solution à la « situation dramatique » des migrants africains qui se trouvent dans des centres de détention en Libye. Elle a également souligné que les États membres de l’UE contribuent pour un tiers au budget de maintien de la paix de l’ONU, soit « plus que n’importe quelle autre puissance mondiale et nous en sommes fiers ». 

Pour la France, entre autres, l’ampleur de cette contribution mérite d’ailleurs d’être mieux connue et mieux appréciée, « surtout à l’heure où certains sont réticents à honorer la contribution qui leur revient ». L’UE et l’ONU ne se limitent plus à coopérer « au cas par cas », elles sont devenues complémentaires sur tout le spectre des opérations de paix, a d’ailleurs noté la délégation française pour qui l’UE « montre la voie », comme en témoigne tout récemment la création d’un Groupe de contact international sur le Venezuela dans le but de trouver une solution politique et pacifique à la crise. 

Sur ce dossier, Mme Mogherini a aussi averti qu’aucune intervention militaire, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur du pays, ne serait acceptable aux yeux de l’UE, récusant en outre toute solution imposée depuis l’extérieur. Elle a également souligné les contributions de l’UE à la réconciliation dans les Balkans, précisant que dès que les taxes imposées par le Kosovo seront abolies, elle convoquera « immédiatement » une nouvelle réunion du Dialogue dans le but de déboucher sur la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade.

Au cours de son intervention, la Haute Représentante s’est par ailleurs préoccupée du fait que l’architecture mondiale du désarmement et de la non-prolifération est remise en cause « comme jamais auparavant », pointant notamment l’action de la Fédération de Russie eu égard au respect du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Mme Mogherini a notamment alerté que face à la fragmentation des centres de pouvoir, la dissuasion ne suffit plus pour prévenir les guerres. C’est pourquoi, a-t-elle soutenu, l’UE continuera d’œuvrer au maintien de l’accord nucléaire avec l’Iran, et des dividendes économiques de la levée des sanctions. « Démanteler un accord qui fonctionne ne sera jamais un bon point de départ pour faire avancer nos intérêts de sécurité collective », a-t-elle martelé, avertissant en outre que sans accord nucléaire, tout dialogue avec l’Iran sera « plus difficile ».

Alors que l’Allemagne a salué le fait que le partenariat ONU-UE porte le projet du multilatéralisme comme solution politique et négociée aux crises, la Fédération de Russie a toutefois estimé que ces dernières années, des questions se sont posées sur la capacité de l’UE à jouer un « rôle constructif » et à définir une « ligne politique claire » à laquelle se substituent une « mentalité euro-atlantique » et une logique de « blocs ». Elle a en outre déploré que les Européens aient accepté la « version américaine de la soi-disant violation par la Russie d’un accord sur le désarmement. Au cours de leur intervention, les États-Unis se sont largement contentés de dresser la liste de plusieurs domaines d’action de l’UE dans le monde, prévenant toutefois que les sanctions contre la Russie seront maintenues tant que ce pays n’aura pas respecté les accords de Minsk et que la Crimée n’aura pas réintégré l’Ukraine. La délégation américaine a également exhorté les membres de l’UE qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître « le Président Guaidó » du Venezuela.
 

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