Il y a 172 ans, l'esclavage a été aboli en Tunisie 

Il y a 172 ans, l'esclavage a été aboli en Tunisie 

Il y a 172 ans, jour pour jour, l'esclavage a été aboli en Tunisie par Ahmed  Bey 1er . C’était le 23 janvier 1846. Etant lui-même fils d'une esclave et considéré comme un prince ouvert au progrès prompt à réprimer toute forme de fanatisme, le Bey a procédé par étapes, commençant par l’interdiction de l’exportation des esclaves, avant de fermer  le marché aux esclaves de Tunis en août et annonce, en décembre 1842, déclarant que « toute personne née dans le pays est désormais libre »

Pour parer à toute forme de mécontentement, il obtient au préalable des fatwas des oulémas dont celle, catégorique et sans précédent dans le monde arabo-musulman, du bach mufti Sidi Brahim Riahi.

L'abolition totale est décidée pour tout le pays par le décret du 23 janvier 1846. Il n'en reste pas moins que même si cette abolition est acceptée par la population citadine, elle est rejetée — selon Ibn Abi Dhaifa à Djerba et chez et les paysans les Bédouins qui ont besoin d'une main d'œuvre servile et bon marché.

Ces résistances justifient la deuxième abolition par décret d'Ali Bey III, le 28 mai 1890. Ce décret promulgue en effet des sanctions pécuniaires (sous forme d'amendes) et même des sanctions pénales (sous forme d'emprisonnements) pour ceux qui continuent à alimenter le commerce des esclaves ou à maintenir en esclavage leurs serviteurs ou leurs domestiques. L'historiographie coloniale tentera d'ailleurs d'effacer la mémoire de la première abolition et mettra en relief la deuxième abolition.

Au cours de la seconde moitié du xixe siècle, la plupart des anciens esclaves, hommes ou femmes, constituent un sous-prolétariat urbain végétant dans les petits métiers ou sans métier et vivent dans des habitations précaires (fondouks des faubourgs populaires). Souvent, ils sont vendeurs de pain, marchands ambulants, masseurs dans les bains maures, domestiques ou simplement vagabonds, proie facile pour la police municipale pour cause d'ivresse ou de petits vols. Jusqu'à 10 % des prostituées de Tunis sont d'anciennes esclaves. C'est donc à la suite de l'abolition qu'un processus de paupérisation et de marginalisation sociale devient perceptible à une grande échelle car l'affranchissement assure l'émancipation juridique mais non sociale de l'ancien esclaves.

La Tunisie demeure, à ce jour, le premier pays arabe à avoir aboli ce phénomène qui continue à perdurer encore aujourd’hui dans certaines contrées.

Avec Wikipédia

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