Justice transitionnelle : Ghannouchi plaide pour une amnistie générale

Justice transitionnelle : Ghannouchi plaide pour une amnistie générale

Le parti Ennahdha est en train de tenir la deuxième conférence de ses cadres, sous le thème "Pour la réussite du travail municipal et le renforcement du travail démocratique".

Entamée ce samedi matin à Hammamet, cette conférence se prolongera jusqu’à demain à travers des débats et des échanges entre les cadres du parti visant à établir une feuille de route qui permettra d’élaborer la stratégie d'Ennahdha pour la prochaine décennie 2019-2029.

Cette conférence a  débuté par l’allocution du président du parti Rached Ghannouchi. Allocution dans laquelle il a clarifié la position d’Ennahdha sur les problèmes nationaux les plus urgents liés à la relation avec le président de la république, à l'avenir du gouvernement de Youssef Chahed, au probable remaniement ministériel, à l’épineux dossier de la justice transitionnelle, ainsi qu'aux accusations lancées par le Front Populaire contre son parti à propos de l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi.

Le président d’Ennahdha a d’abord précisé que cette conférence des cadres a pour objectif d’étudier des dossiers importants pour parvenir à des recommandations ou des prises de position dans le cadre de la politique responsable de son parti, dans cette période difficile par laquelle passe la Tunisie :

« C’est pour cela que ce rassemblement est très important parce qu’il s’agit d'un espace de dialogue et d’échange entre les cadres d’Ennahdha  qui permettra de déterminer les priorités du parti et sa vision future», a-t-il précisé.

Profitant de la présence des élus d’Ennahdha dans les conseils municipaux, Gannouchi s’est félicité de la victoire de son parti dans les dernières élections municipales en rappelant qu’il est le seul à être représenté dans les 350 municipalités et qu’il va  œuvrer à réaliser les programmes annoncés et les promesses tenues au niveau local, régional et national.

Il a rappelé les priorités d’Ennahdha dans la gestion des municipalités qui s’articulent autour de l’application de la loi, la propreté des villes, la lutte contre l’anarchie, les constructions illégales, l’occupation des trottoirs. Ainsi que sur la création d’espaces de loisirs et de détente pour les citoyens et le développement des ressources des municipalités en incitant les citoyens à payer les taxes….

Ennahdha tient au consensus

Ghannouchi s’est, par la suite, longuement étalé sur la grave crise politique qui secoue le pays indiquant qu’Ennahdha est pour la stabilité du gouvernement tout en réitérant son attachement stratégique au consensus et au partenariat avec Béji Caïd Essebsi, ajoutant dans ce cadre : «Ennahdha est partenaire du président de la République et elle tient à garder une relation positive avec lui, car nous considérons que le consensus est un choix stratégique qui doit concerner toutes les forces vives du pays pour garder la stabilité politique, réaliser les réformes nécessaires, lutter contre la corruption, améliorer les conditions de vie des Tunisiens et conduire le pays vers les prochaines élections ».  

Le président d’Ennahdha a, par la suite, précisé que son parti continue à discuter avec le chef du gouvernement pour trouver un accord sur les conditions nécessaires d’un partenariat et d’un prolongement du dialogue positif et constructif avec l’UGTT et l’UTICA.  

Ghannouchi a par la suite insisté à mettre en valeur cette transition démocratique tunisienne, qui est saluée à l’international comme une expérience unique au monde, mais qui ne génère  malheureusement pas ce sentiment à l’intérieur du pays : «J’ai l’impression que les Tunisiens qui souffrent des problèmes du quotidien ne réalisent pas la grandeur de ce qui a été réalisé», a-t-il indiqué en ajoutant qu’il faut fructifier les acquis de cette révolution sur le plan économique et sur le plan social.

 Certains partis veulent noyer la Tunisie dans un bain de sang

Le président d’Ennahdha a, par la suite, réglé ses comptes avec le Front Populaire, les partis de gauche et les partis" éradicateurs". Sans les nommer, il a indiqué que ces partis qui veulent diviser les Tunisiens, ne cherchent pas le bien du pays et ne se soucient même pas du risque de voir le pays noyé dans un bain de sang ou une guerre civile.

Ghannouchi a démenti par la suite toutes les accusations de terrorisme lancées contre son parti, indiquant qu’elles sont infondées et malintentionnées pour salir Ennahdha, insistant que la justice même à l’échelle internationale a toujours blanchi son mouvement.    

 Il a par la suite abordé l’épineux dossier de la justice transitionnelle indiquant que son parti est pour l’achèvement du processus de réconciliation nationale, afin de cicatriser les meurtrissures du tissu social et d’apaiser définitivement les tensions entre les Tunisiens, ajoutant dans ce sens : « La justice transitionnelle doit être une voie vers la réconciliation et la construction d’une paix durable. Elle doit restaurer la dignité des victimes, instaurer la confiance entre les Tunisiens, favoriser les changements institutionnels nécessaires à une nouvelle relation au sein de la population permettant l’établissement d’un Etat de droit. Les plaies doivent définitivement être refermées et les haches de guerre enterrées pour éviter que la haine ne passe de générations en générations entre les Tunisiens. »

Ghannouchi a par ailleurs appelé le Parlement à voter une amnistie générale pour tous ceux ayant commis des dépassements au cours des années de dictature, dès qu’ils reconnaissent leur tort et présentent des excuses aux victimes, ajoutant qu’il est cependant anormal que certains bourreaux continuent à se vanter de leurs crimes commis pendant les années de dictature.

Le leader d’Ennahdha a insisté sur le fait que son parti a toujours été pour le pardon et la réconciliation, concluant dans ce sens : « Ennahdha n’a jamais entrepris aucune poursuite judiciaire contre ses oppresseurs et s’est toujours opposée aux lois présentées à l’ARP où il y avait de l’exclusion car nous croyons aux vertus du pardon et de la réconciliation».

K.B.M.

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