Kais Saied en maître des horloges

Kais Saied en maître des horloges

Contre toute attente, le président de la République Kais Saïed a chargé, dans la soirée de samedi 25 Juillet 2020, Hichem Mechichi, l’actuel ministre de l’intérieur, de former le nouveau gouvernement. Un candidat non encarté et qui n’a été proposé dans aucune liste.  Il dispose d’un mois, à compter de ce dimanche 26 Juillet, pour annoncer la formation de son équipe avant de solliciter la confiance du parlement.

Agé de 46 ans, il est né en 1974, originaire du nord-ouest( Boussalem du gouvernorat de Jendouba), juriste de formation, comme le président de la République, il est, contrairement à son prédécesseur, un pur produit de l’administration. Il a été chef de cabinet aux ministères des affaires sociales et de la santé, avant d’être nommé conseiller principal auprès de président de la République chargé des affaires juridiques, puis ministre de l’intérieur dans le gouvernement Fakhfakh.

Sa fulgurante ascension, il la doit au chef de l’Etat Kais Saied dont il est l’un des hommes clés. Il le recevait presque régulièrement au palais de Carthage. La visite nocturne du chef de l’Etat, le 23 courant, dans les locaux du ministère de l’Intérieur, prouve si besoin est que la confiance entre les deux hommes est bien établi.

En faisant ce choix, Kais Saïed balaye d’un revers de main les propositions de tous les partis politiques.  Ce faisant, il conforte sa position de chef d’orchestre de la scène politique tunisienne et en seul maitre des horloges. Et veut tenir les rênes du pouvoir entre les mains, en dépit d’une Constitution qui a rogné les prérogatives du président de la république.

Le chef de l’Etat montre également son manque de considération pour les partis politiques comme acteurs  dans la vie institutionnelle du pays. En remettant la lettre de désignation à Hichem Mechichi, il n’a pas manqué de fustiger « la perte de temps » que subissent les Tunisiens en l’absence de gouvernement stable depuis les élections d’octobre 2019. Il a critiqué, sans les nommer, ceux qui « ont tenté de nous embarquer dans une guerre civile », ajoutant que « la paix sociale est sacrée autant que le respect de la loi. Nous respectons la légitimité, mais il est plus que temps de la réviser afin qu’elle soit l’expression la plus fidèle de la volonté de la majorité ». Des propos qui font écho à ceux qu’il avait déjà formulés dans la caserne des forces spéciales de l’armée et devant les hauts cadres de la sécurité lors de sa  visite du ministère de l’intérieur. « Vous êtes au courant de ce que certains souhaitent réaliser. Nous tenons à la légitimité, nous tenons à la loi, même si la loi n’exprime pas la vraie légitimité. Le chaos que certains souhaitent semer sera voué à l’échec grâce à votre volonté et la nôtre. Je suis au courant de leurs soirées et de leurs discussions de salon. Ils veulent préparer le terrain pour dévier de la légitimité », a-t-il affirmé soulignant qu’il ne tolèrera jamais que la Tunisie devienne un terreau pour des terroristes ou des agents qui conspirent avec l’étranger.

Pour lui, la sécurité prime sur tout. N’a-t-il pas déclaré que le pays traverse la plus grave crise depuis son indépendance ?

B.Oueslati

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