Kais Saied, Président de la République ou Président de l’opposition ?  

Kais Saied, Président de la République ou Président de l’opposition ?  

Par Kaïs Ben Mrad

Fidèle à ses discours populistes basés sur la victimisation du peuple, la violation de normes et la désacralisation des institutions, le Président de la République Kais Saied a envenimé encore plus le paysage politique lors de  la réunion du Conseil de sécurité nationale qui s’est tenue le lundi 25 janvier 2021 à Carthage et qui s’est terminée en queue de poisson.  

Au moment où les Tunisiens, livrés à eux mêmes depuis des mois, attendaient impatiemment des solutions à leurs problèmes et décisions rassurantes dans cette guerre contre la pandémie et au moment où le pays avait besoin d’un discours rassembleur, Kais Saied s’est encore mêlé aux tiraillements et s’est exprimé en tant que Président de l’opposition et non en tant que président de la république, ridiculisant par le même occasion le chef du gouvernement Hichem Mechichi qui l’a lui-même choisi, en croyant qu’il allait se limiter au rôle de Premier ministre

Ce  discours surprenant d’un président, qui accuse tout le monde sans jamais faire assumer quiconque, est l’aboutissement logique d’une année de  rhétorique violemment partisane que Kais Saied a grandement contribué à sa diffusion depuis qu’il est à Carthage.

Ce discours illustre donc parfaitement ce que l’on peut qualifier de récit populiste auquel adhèrent une majorité de ses partisans depuis son élection.

Comme à son habitude, il a donc pointé du doigt les ennemis du peuple sans jamais préciser qui sont-ils.

Il a, à maintes reprises,  fait également un lien entre le pays « qui en a assez » et le « nous » qui « ne l’accepteront plus ». Car bien entendu, le peuple est identifié à Kais Saied par cette victimisation d’où l’emploi du pronom sujet « nous ».

A sa manière, il s’est adressé  encore une fois uniquement à ses sympathisants, les enfants du peuple  victimes d’un système injuste.  

Kais Saied a joué comme à son habitude sur les thèses conspirationnistes pour se présenter en héros d’une lutte contre « l’État profond » et une cabale de politiciens corrompus.

Néanmoins, comme lors de ces présentes sorties, il n’a jamais nommé ces ennemis, qui ont trahi le peuple ou qui « ont fait du mal à notre pays », ou annoncer des décisions à leur encontre.

Bien que Kais Saied soit en train de profiter du sentiment d’exclusion économique ou sociale, de dépossession culturelle et identitaire et de défiance envers les politiques et institutions (particulièrement l’ARP) que ressentent les Tunisiens déçus pour leur livrer un récit qui  peut leur plaire, il doit savoir que son approche populiste est en train de diviser les Tunisiens, de les remonter les uns contre les autres et d’affaiblir cette démocratie naissante.

Au-delà de ses raisons idéologiques, Kais Saied doit finir par comprendre qu’il est le président de tous les Tunisiens et qu’il doit sauver le pays du chaos qui le menace.

Kais Ben Mrad

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