La démission de Nadia Akacha : un départ sur fond d’histoire rocambolesque

 La démission de Nadia Akacha : un départ sur fond d’histoire rocambolesque

La démission de Nadia Akacha de son poste de ministre directrice du cabinet présidentiel n’a pas surpris, car elle était en l’air depuis quelques semaines. Surtout depuis le retour en force du ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine soutenu par le clan familial de Kaïs Saïed particulièrement sa belle-famille originaire de Sousse comme le ministre de l’Intérieur.

Au lendemain du 25 juillet 2021 et surtout de la parution du décret 117 daté du 22 septembre en vertu duquel le chef de l’Etat s’est accaparé les pleins pouvoirs une lutte fratricide a opposé Nadia Akacha à Taoufik Charfeddine pour le poste de chef du gouvernement. Kaïs Saïed a dû l’arbitrer en décidant de placer à la Kasbah une inconnue, Najla Bouden à rétablir Charfeddine ses fonctions antérieures à la tête du plus important département du gouvernement, celui de l’Intérieur étendu aux affaires locales.

Mais si la compétition entre Nadia Akacha et Taoufik Charfeddine est de notoriété publique, la directrice du cabinet présidentiel ne s’est pas fait des amis, ni au cabinet présidentiel, ni d’ailleurs au gouvernement. Son hostilité aux ministres des Affaires étrangères qui se sont succédé est connue que ce soit Noureddine Erray qu’elle a fini par avoir sa tête ou l’actuel ministre Othman Jerandi qui a failli perdre son poste dans le gouvernement Najla Bouden. Il aurait été repêché à la dernière minute et Akacha a tout fait pour le discréditer, de sorte qu’il n’a pas été reçu en audience par le chef de l’Etat depuis plus de trois mois. On n’oublie pas non plus la séquence du limogeage de l’ambassadeur représentant permanent de la Tunisie auprès de l’ONU à New York, Kaïs Kabtni et l’enregistrement fuité où elle a tenté le salir en l’accusant d’utilisation frauduleuses des deniers publics, ce qui a conduit ce dernier à porter plainte contre elle devant les tribunaux.

« Homme fort » du cabinet présidentiel, la plus proche collaboratrice du président de la République qu’elle suivait comme son ombre et qui l’accompagnait à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et assistai à l’ensemble de ses audiences, Nadia Akacha est sans doute la meilleure personne informée de ce qui se passe dans l’institution présidentielle ainsi que des secrets du palais de Carthage dont elle fut depuis un an et demi sa cheville ouvrière. Ayant été parmi les premiers à avoir rejoint le cabinet de Kaïs Saïed au poste de conseillère juridique, elle a été propulsée à la tête de ce cabinet après la fin de mission du premier directeur de ce cabinet, Tarek Bettaïeb. Elle a fini par éliminer tous les proches du président de la République y compris « les plus proches amis » du celui-ci comme Abderraouf Betbaieb et Rachida Ennaifer.

Mais l’histoire de « l’enveloppe piégée avec une substance inconnue » survenue il y a un an, et au sujet de laquelle une information judiciaire a été ouverte qui a conclu que l’enveloppe ne contenait aucune substance dangereuse a compromis la crédibilité de l’entourage présidentiel. Bien qu’elle ait justifié son départ par des « divergences profondes » avec le président de la République, sa démission pourrait être en lien avec cet épisode peu glorieux.

Par coïncidence, qui n’est peut-être pas fortuite, le départ de Nadia Akacha est intervenue un an, jour pour jour avec cette histoire rocambolesque ayant eu lieu le 25 janvier 2021.

RBR

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