La réussite scolaire biaisée par les disparités régionales

La réussite scolaire biaisée par les disparités régionales

La décision du chef du gouvernement Youssef Chahed de réserver 8% des postes à pourvoir dans les filières dites nobles à l’instar de la médecine et de l’ingénierie, aux jeunes bacheliers doit, à mon sens, être saluée comme une mesure courageuse pour redonner espoir aux jeunes de ces régions. Elle est concrétisation de l’article 12 de la Constitution : « L’Etat œuvre à la réalisation de la justice sociale, du développement durable, de l’équilibre entre les régions, en se référant aux indicateurs de développement et en s’appuyant sur le principe de discrimination positive ».

Les disparités entre les différentes régions du pays ont, depuis longtemps, constitué, un souci majeur pour tous les gouvernements, depuis les premières années de l’indépendance, sans pour autant arriver à mettre en place une véritable stratégie de développement. Au fil des années, elles se sont approfondies, au point de devenir criardes. Ce qui n’a pas été sans répercussions puisque les mouvements sociaux qui ont, souvent, dégénéré en soulèvements et émeutes ont, depuis la révolte de Ali Ben Ghedhaham, menée en 1864 contre le pouvoir beylical, éclaté dans les régions déshéritées du Sud, du Centre et du Nord-Ouest. Mais l’approche a, toujours, été basée sur l’aspect « économiste », en escamotant « les aspects politico-institutionnels ». Pourtant, c’est la politique qui a, depuis les premières années de l’indépendance, tout guidé, traçant les grandes orientations dans tous les domaines et initiant les grandes réformes.

Les disparités régionales sont perceptibles au niveau d’autres secteurs, comme celui de l’éducation et de l’enseignement supérieur où la réussite scolaire est biaisée par les inégalités sociales. Selon un rapport de l’universitaire Hédi Zaiem sur « Les inégalités sociales et régionales dans l’enseignement supérieur », les disparités « prennent leur source dans les cycles inférieurs, à savoir l’école de base et le secondaire, et se révèlent clairement au niveau des résultats du baccalauréat ». La scolarisation massive n’a pas suffi à réduire les inégalités avec les régions et les gouvernorats de Jendouba, Kasserine, Kairouan, Tataouine, Sid Bouzid, Kebili, Gafsa et Siliana, ont, souvent, figuré en bas du tableau de classement des résultats des examens nationaux et notamment le baccalauréat. Un bachelier de ces mêmes gouvernorats a très peu de chances d’accéder à une filière médicale ou d’ingénieurs qu’un bachelier de Tunis, de Sfax ou de Sousse. Trois indicateurs suffisent à illustrer ces inégalités. Un bachelier du Nord-Ouest, par exemple, à 0,7 % de chance d’accéder à une filière médicale contre une moyenne nationale de 1,7 %, et 6,3 % de chance d’accéder à une filière d’ingénieur contre une moyenne nationale 8 %.  « La probabilité d’être au chômage au terme de ses études supérieures, varie de 14,6% pour un bachelier de Sousse jusqu’à 25,7% pour un bachelier de Gafsa ».

La lutte contre les inégalités sociales commence par la mise en application de l’article 12 de la Constitution. « L’Etat œuvre à la réalisation de la justice sociale, du développement durable, de l’équilibre entre les régions, en se référant aux indicateurs de développement et en s’appuyant sur le principe de discrimination positive ».

B.O

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