La Tunisie: centre de service numérique pour l’Afrique

La Tunisie: centre de service numérique pour l’Afrique

 

Dans le cadre de la série de webinaires organisée par Smart Tunisia, une conférence audiovisuelle s’est tenue ce mardi 30 juin 2020 avec pour thématique la Tunisie en tant que centre de service numérique pour l’Afrique. Aux côtés de Monsieur Badreddine OUALI (CEO VERMEG et Président de Smart Tunisia), plusieurs intervenants reconnus dont Monsieur Martin LABBE (Coordinateur pour le développement de l’industrie du numérique au Centre du Commerce International (ITC)), Monsieur Mohamadou HAYATOU (Chef de la stratégie du secteur privé à la BAD).

Aussi, Madame Emna KHAROUF (Partner Deloitte), Monsieur Ilyes BDIOUI (Responsable de Tunisie Creative) et Madame Ombeline BERNARD MANUSSET ALLANT (Directrice générale de Vocalcom Afrique) ont partagé avec nous leurs témoignages et expériences en tant qu’entrepreneurs implantés en Tunisie avec une ouverture sur l’Afrique. À la modération, Monsieur Serge DEGALLAIX, Directeur général de la Fondation Tunisie pour le Développement.

Depuis toujours, la Tunisie encourage l’ancrage d’entreprises étrangères, s’attache à s’ouvrir à l’international et s’avère être un partenaire de référence. La pertinence des échanges de ce webinaire ont su souligner les potentialités tunisiennes dans le secteur des technologies, du digital et du numérique. Ses compétences sont être de réelles opportunités pour les pays africains en quête de développement à l’échelle du continent.

Lors de ces échanges quelques points sont ressortis :

 
1. Une transformation numérique considérablement accélérée :

Ces derniers temps, avec le COVID-19 et les vagues de confinement dans le monde, la digitalisation s’est accentuée, un tissu d’entreprises du secteur des TIC s’est déployé et les besoins se sont amplifiés. La Tunisie est classée au 5ème rang des Etats numériquement avancés en Afrique (selon l’indice NRI du Forum économique mondial). Son réservoir de compétences, son attractivité financière et géographique la placent en véritable hub technologique à même de répondre aux besoins de l’Afrique subsaharienne sur de nombreux points. Pour rappel, 1 800 entreprises technologiques sont implantées en Tunisie et ses infrastructures lui assurent un potentiel incontestable dans le domaine. La Tunisie a toujours su jouer de son soft power et engendrer un rôle de précurseur, à titre d’exemple, la Tunisia Start Up Act a entrainé une émulation sur le continent (d’abord au Sénégal, suivie de près par la Côte d’Ivoire et enfin le Bénin).

 
2. Une nécessité de booster le secteur privé

Ces 90 minutes d’échanges ont véritablement mis en lumière la nécessité du secteur privé dans l’achèvement du développement des pays africains. A ce sujet, Madame Emna KHAROUF met en exergue trois enjeux porteurs : la formation dans le métier du digital (la moyenne d’âge en Afrique étant de 17 ans), le numérique dans la santé (en vue de combler les carences des infrastructures) et enfin la structuration de l’écosystème de l’entreprenariat en matière de financement, de labélisation et d’accompagnement. Comme l’a si bien souligné Monsieur Mohamadou HAYATOU, les pays africains ne peuvent se développer sans le secteur privé. Renforcer l’écosystème de l’entreprenariat c’est un des paris que s’est fixé la Banque Africaine de Développement (BAD). Sa stratégie de soutien est tournée vers le secteur privé dans l’optique d’améliorer l’environnement des affaires, particulièrement en matière d’entreprenariat digital. Cette initiative passe par un soutien en matière de formalisation, d’accès aux marchés et d’accès aux financements. Ses actions ont par ailleurs déjà porté leurs fruits : ce sont 750 compagnies qui se voient appuyées dans leurs secteurs, et plus de 200 000 emplois déjà créés.

 
3. Privilégier une coopération Sud-Sud :

Les intervenants se sont rejoints sur le point suivant : dans le secteur du numérique, du digital et des technologies, le cœur de la stratégie découle d’une logique coopération Sud-Sud. Lors de son intervention Monsieur Martin LABBE a particulièrement insisté sur la nécessité de travailler « sur des partenariats panafricains Win-Win où l’on se met au même niveau et non pas d’une manière asymétrique ». Le coordinateur du programme ITC a pour habitude d’accompagner les PME du numérique dans leur développement et constate qu’avec la crise sanitaire du COVID-19, les entreprises du numérique souffrent. Les trois quarts voient leurs chiffres d’affaires baisser et moins de 10% continuent à se développer. En réalité, c’est précisément dans ce contexte que les logiques de partenariats prennent tout leur sens, et force est de constater que ces derniers temps les ambitions sont bien plus panafricaines et continentales qu’internationales. Malgré tout, l’intégration régionale n’est pas aussi évidente qu’elle n’y parait, il suffit d’observer les regains de souveraineté et les débats autour de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECA).

Des exemples de coopération sud-sud dans le secteur numérique existent en Tunisie avec le e-commerce et Jumia. Il faut encourager ce type de réalisations en favorisant les contacts via des plateformes ou des rencontres en présentiel, des programmes structurants et des financements incitatifs.

 
4. Les Atouts de la Tunisie pour devenir un Tech Hub africain

La Tunisie disposant de 1878 millions de TND en investissements étrangers, 340 000 emplois par an et 40 000 étudiants dans le secteur des TIC, représente aujourd’hui pour le monde et pour l’Afrique un vivier de talents hautement qualifiés (selon un article de Forbes publié le 11 janvier 2018). Le domaine des TIC représente 7,5 % du PIB tunisien. La Tunisie dispose chaque année de 6 000 nouveaux ingénieurs diplômés, sur une population de 11,6 millions : c’est quasiment autant qu’en France en termes de proportion, puisque pour une population de 67 millions, la France forme environ 32 000 ingénieurs annuellement. Autre exemple, le Maroc avec 4 fois la population tunisienne, forme 8 000 ingénieurs par an.

Par ailleurs,  la Tunisie dispose de l’un des écosystèmes de startups africains des plus actifs, et des plus intéressants dans sa diversité et son approche. Concernant les startups, le projet de loi relatif à leur promotion, le fameux Startup Act, est l’une des initiatives majeures sur laquelle la jeunesse talentueuse tunisienne fonde de grands espoirs. Ce projet de loi ambitionne la mise en place d’un cadre propice et ouvert qui permet aux jeunes de tous pays d’utiliser cette plateforme, de valoriser leurs énergies et financer leurs idées et projets innovants. Les startups ont en effet enregistré, durant les deux dernières années, une croissance fulgurante permettant à la Tunisie d’être une destination régionale privilégiée.

L’autre avantage majeur qui n’est pas à négliger, ce sont les avantages fiscaux dont bénéficient les startups : le gouvernement exonère les nouveaux entrants de toutes charges sociales et taxes patronales, pendant la durée de validité du label Startup.

 
5. Le Rôle de Smart Tunisia :

Au cœur des  initiatives mentionnées ci-dessus, Smart Tunisia est un projet PPP qui s’inscrit dans cette logique en étant un  "guichet unique" pour les investisseurs étrangers dans le secteur des technologies et du Nearshoring Tech, et qui facilite, grâce à son équipe dédiée, toutes les démarches administratives pour les  investisseurs étrangers ainsi que l’accès aux nombreux mécanismes incitatifs de l'Etat tunisien.

Votre commentaire