Le projet Master professionnel en cross-média : Pourquoi s’est-il essoufflé ?

Le projet Master professionnel en cross-média : Pourquoi s’est-il essoufflé ?
 
 
Après la Révolution de 2011, l’Union européenne (UE) s’est engagée à prêter main forte à la Tunisie par une consolidation du partenariat bilatéral et un soutien franc à la transition démocratique, l’objectif étant de préserver le modèle tunisien qui se révèle être, désormais, comme étant une exception dans un environnement hostile.
 
Le partenariat entre les deux parties est en train de porter ses fruits dans de nombreux domaines, dont, notamment, celui de l’enseignement supérieur qui constitue un enjeu de taille pour l’UE et sur lequel elle mise inlassablement pour garantir la stabilité sociale grâce à un haut degré d’employabilité.
 
C’est, donc, dans cet esprit du renforcement de la coopération que se situe le master professionnel en cross-média. Lancé en juin 2014 au siège de l'Union des Universités de la Méditerranée (UNIMED) à Rome, ce projet pilote s’inscrit dans le cadre du Programme eMEDia financé par l'Union Européenne. Il constitue, pour les étudiants en journalisme, une occasion pour mener une expérience unique de coopération universitaire transversale tuniso-tunisienne avec, comme objectif primordial, faire valoir l'enseignement supérieur en Tunisie dans le cadre d'un partenariat et d'un échange de savoir-faire entre des universités tunisiennes et leurs homologues européennes.
 
Contacté par Espacemanager, Sami Kchaou, représentant du Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) dans le programme du Master en journalisme cross-média, est revenu sur cette expérience pilote qui constitue une première dans l’histoire de l’enseignement du journalisme en Tunisie, où des universités tunisiennes et européennes ont pu partager leur savoir et leurs expériences.
 
 
Même son de cloche pour Moncef Ayari, directeur l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information (IPSI), qui a souligné que ce projet revêt une importance capitale dans le domaine de l’enseignement du journalisme où tous les étudiants auront un diplôme unique qui leur consentirait   à appréhender le métier.
 
 
 
Un projet prometteur pour moderniser la formation des journalistes
 
Ce projet d’envergure a été l’occasion de réunir trois institutions universitaires tunisiennes, en l’occurrence : l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information (IPSI), la Faculté des lettres et sciences humaines de Sfax et la Faculté des lettres et sciences humaines de Sousse aux côtés de trois autres universités européennes à savoir l'Université de Tampere (Finlande), l'Université libre des langues et de communication de Milan (Italie) et l'Université de Barcelone (Espagne). Sans compter les membres du Consortium du projet, l'UNIMED, le ministère tunisien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la Section régionale de Sfax du SNJT en tant que partenaire professionnel.
 
Après une mise en application d’une durée de trois ans, ce projet, qui touche à sa fin, le 30 juin courant a réussi à se faire prévaloir grâce à un échange académique mettant en lien diverses spécialités allant du journalisme, aux sciences humaines en passant par les langues et les technologies de communication.
 
Quant au but final de cette coopération, il consiste à faire bénéficier de nombreux étudiants d’une formation susceptible de leur faire acquérir de nouvelles compétences dans le domaine du journalisme et ce, en leur ouvrant la voie au monde professionnel aussi bien en Tunisie qu’en Europe.
 
Un projet ambitieux, mais dont le renouvellement est incertain
 
Malgré le caractère ambitieux de ce projet, son renouvellement reste pour le moins incertain. Selon Sami Kchaou, le résultat escompté a été obtenu particulièrement lors de la première session. « Il suffit de voir l’impact qu’il a eu durant la première promotion et celui de la seconde pour comprendre le pourquoi du comment », a-t-il souligné.
 
Toujours d’après Kchaou, le diplôme délivré est reconnu tant par les universités tunisiennes que par les universités européennes, à part celle de Barcelone qui possède ses propres modalités qui ne correspondent aucunement à celles proposées par ce diplôme de master.
 
Sur ce point, Moncef Ayari a précisé que parmi les blocages qui ont entravé le bon cheminement de ce projet de master c’est la formation des enseignants qui reste pour le moins insuffisante soulignant que «  chaque enseignant universitaire doit être spécialisé dans un domaine bien précis pour garantir la réussite de ce master».
 
Ceci dit, dans le cas échéant, l’approbation par les autres partenaires européens des modalités de reconnaissance du diplôme, vise à donner à la formation suivie une dimension internationale en ouvrant des horizons aux jeunes diplômés qui va au-delà des limites du pays.
 
A voir de plus près l’état des lieux de ce projet, il est bon de mettre en relief les perspectives prometteuses poussant les universités à en tirer profit. Néanmoins, certaines questions donnent, encore, matière à réfléchir, à savoir comment ce master peut être capable de former des journalistes à l’ère des TIC ? Comment est-il capable de s’adapter aux enjeux de la presse électronique et à ses exigences ? Ou encore quelles sont les raisons qui ont conduit à son essoufflement malgré tout l’appui dont il a bénéficié ?
 
Amira GORDEH

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